Après avoir annoncé solennellement au soir de sa défaite électorale à l’élection présidentielle de 2012 qu’il se retirait définitivement de la vie politique, et après être revenu en force à peine deux ans plus tard pour reprendre la tête du principal parti d’opposition, en jouant des coudes et en écrasant quelques pieds au passage, voila que l’inoxydable Nicolas Sarkozy publie un livre pour tenter de se remettre en selle sur la scène médiatique et concurrencer ses rivaux.
Il faut dire que pour lui la situation n’est guère brillante. Outre les affaires judiciaires qui s’accumulent sur son dos, sa récente mise en examen pour corruption active et trafic d’influence, et les soupçons de fraude sur ses comptes de campagne qui se confirment de jour en jour, son retour à la hussarde aux manettes de l’UMP puis son passage en force pour rebaptiser le parti « Les Républicains » ont laissé des traces.
Alors que les primaires se profilent à l’automne 2016, rien n’indique que Nicolas Sarkozy soit particulièrement bien placé pour porter de nouveau les couleurs de la Droite aux prochaines élections présidentielles. L’intransigeance et le cynisme dont il a fait preuve lors des récentes élections régionales en refusant obstinément tout front républicain contre le FN et la brutalité avec laquelle il a viré ceux qui, comme Nathalie Kozusko-Morizet avaient osé émettre un avis plus nuancé, l’ont conduit dans le tréfonds des sondages de popularité où il navigue désormais à 1 point derrière François Hollande : un véritable exploit par les temps qui courent !
Il lui fallait donc réagir, d’autant que tous ses rivaux potentiels aux prochaines primaires, Jean-François Copé, François Fillon et Alain Juppé, viennent tous de publier un livre pour attirer sur eux l’attention des médias. Qu’à cela ne tienne, l’ex-président de la république les a donc imité et vient de publier le 25 janvier dernier son dernier pensum, titré « La France pour la vie » et tiré à 120 000 exemplaires, lui qui déclarait il y a peu ne pas vouloir « écrire un livre qui vienne encombrer les étagères parce que personne ne le lit »…
Mais le président des Républicains n’est pas à une contradiction près, lui qui affirme sans arrêt qu’il a changé. Après avoir fustigé tant et plus tous ceux qui se livrent à la repentance, voila qu’il leur emboîte le pas et bat sa coulpe pour avoir « abaissé la fonction présidentielle » et lâchant en public son célèbre « Casse-toi, pauv’con » et pour avoir fêté sans vergogne son élection à la magistrature suprême en allant festoyer au Fouquet’s avec tout le gratin du CAC 40, puis en s’offrant des vacances de milliardaire sur le yacht de luxe de l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Ces vacances indécentes à Malte à peine élu lui paraissent avec du recul avoir été « une erreur de jugement incontestable ». Promis, juré, il ne recommencera plus…
Sauf que, comme le rapporte le Canard enchaîné dans sa dernière édition, il vient tout juste de récidiver à l’occasion de ses dernières vacances ! Le 21 décembre 2015 en effet, la famille Sarkozy au grand complet s’est accordé un petit repos bien mérité à Marrakech, non pas dans un vulgaire hôtel pour touristes, mais dans un palais royal mis à disposition en toute simplicité par le roi Mohamed VI en personne. C’est le petit Louis et sa copine qui ont vendu la mêche en postant quelques photos de la piscine paradisiaque sur les réseaux sociaux, histoire d’épater les copains…
Et pour le voyage, pas de charter non plus mais tout simplement un jet privé arborant le bason du roi et venu chercher la famille Sarkozy en toute discrétion à la sortie du pavillon de Dassault Falcon Service au Bourget, en faisant en sorte que l’embarquement ne fasse sans que l’on voit monter les passagers à bord. Comme l’explique le Canard enchaîné, « on peut aimer les jets de luxe et avoir sa pudeur »… Et même du savoir-vivre comme l’a démontré Nicolas Sarkozy en encensant sans mesure son logeur royal lors d’une conférence donnée quelques jours plus tard à Abou Dhabi, le 13 janvier, au cours de laquelle il a déclaré avec emphase : « tout le monde n’a pas la chance d’avoir un souverain comme le roi du Maroc ! ». Les opposants marocains à la famile royale marocaine qui s’arroge chaque année plus de 250 millions d’euros d’argent publique et qui détient l’une des plus grosse fortunes mondiales ne manqueront certainement pas d’apprécier !
Quant aux paroles grossières qui lui avaient échappé lors d’une rencontre malheureuse dans les allées du Salon de l’Agriculture, là aussi la page est tournée, ou presque… A l’issue du récent meeting qui s’est tenu à Nîmes le 20 janvier 2016, c’est en des termes très choisis qu’il s’est adressé aux maires respectifs d’Agde et de la Grande-Motte devant de nombreux témoins : « Vous deux, il faut qu’on s’explique. Vous m’avez baisé aux régionales, petits merdeux. Moi on m’encule pas, hein ! Moi, je me fais pas enculer, compris ? ». Ceux qui craignaient que l’ex président de la République ait perdu avec le temps de sa désarmante et rafraichissante spontanéité seront donc rassurés : il n’a finalement pas tant changé que cela…
L. V.