Nous étions plus de 60 à être venus écouter le docteur Marie Vazeille chercheur à l’Institut Pasteur de Paris, spécialisée dans l’étude des moustiques porteurs de virus, le 26 novembre 2012 à la salle Tony Garnier à Carnoux.
En effet beaucoup de personnes s’étaient fait piquer, cet été dans la région, par ces moustiques dont l’abdomen et les pattes sont rayés, d’où leur nom : moustique « tigre ».
JC. B avait déjà fait un article dans notre blog dès le mois de septembre suivi par la réaction de notre maire. On vient enfin de lire la page dans le bulletin municipal, Le Messager d’octobre, faisant suite à une directive préfectorale du début d’année sur la conduite à tenir à propos de ces moustiques. Cependant le complément d’information était bien nécessaire eu égard aux nombreuses questions qui ont suivi l’exposé particulièrement didactique de Marie Vazeille. On peut d’ailleurs être déçus qu’aucun représentant de la mairie ne fût présent pour cette séance d’information ouverte à tous…
Le moustique tigre ou Aedes albopictus est un moustique de la même famille que les anophèles qui transmettent le paludisme. C’est un moustique qui transmet des maladies virales par le sang.
Le cycle de reproduction dépend de la température ambiante, il est d’une semaine à 25°C. Il sera d’autant plus court que la température est plus élevée. Après la fécondation, la femelle va faire son repas de sang en piquant un vertébré (dont les humains) pour le développement de ses œufs (plus d’une centaine) qu’elle va pondre dans des zones humides : naturels comme des creux d’arbres, de pierre ou artificiels comme les pneus, les gouttières, les coupelles sous les pots de fleurs etc. Il peut donc vivre dans les zones urbaines ou rurales. Les œufs survivent à la sécheresse et au gel, ce qui a permis l’expansion de ce moustique dont l’origine n’était qu’asiatique y compris le Japon. Les premiers moustiques « tigres » sont identifiés en Europe en Albanie en 1979 et en France en 2004.
La direction générale de la santé va depuis déposer des pondoirs dans le territoire français pour surveiller l’expansion du moustique aujourd’hui localisé essentiellement dans le midi de la France et dans la région parisienne.
Le moustique « tigre » peut transmettre les virus de la dengue et le chikungunya. Si le moustique « tigre » lors de son repas de sang pique un malade, il va lui-même être infesté, sans être malade, mais il va transmettre le virus lors des autres piqures et cela tout au long de sa vie qui dure environ un mois. Nous nous souvenons de l’épidémie de chikungunya à la Réunion : 3000 cas en 2005, 266000 cas en 2006 soit le 1/3 de la population (une centaine de morts) et en Italie en 2007 : première épidémie en pays tempérée : 250 cas à partir d’un seul voyageur malade.
En France chaque année on peut compter quelques centaines de cas importés d’Asie ou d’Afrique. En 2010 deux fillettes dans le Var ont développé le Chikungunya de façon autochtone. Avec l’activation du plan national anti-dissémination : les deux foyers sont restés circonscrits. Les deux maladies : la dengue et le chikungunya sont des maladies à déclaration obligatoire. Elles provoquent de très fortes fièvres avec céphalées et douleurs dans les muscles et les articulations qui peuvent pour le Chikungunya durer jusqu’à une année. Il n’y a pas de vaccination pour aucune de ces deux maladies.
Aedes albopictus pique pendant la journée mais souvent au levé du jour et à la tombée de la nuit. Il n’y a pas de traitement spécifique. Il faut se protéger des piqures : moustiquaire, repellents en crème ou spray, diffuseurs électriques d’insecticides, serpentins etc.
Il faut surtout agir à la source pour que les moustiques ne se développent pas dans l’environnement immédiat. Eliminer les sites larvaires autour de chez soi : eaux stagnantes : fond de piscine, pots de fleurs. Les campagnes d’information et d’éducation sanitaire sont nécessaires, pour que certains responsables administratifs locaux et certains propriétaires comprennent l’enjeu de cette prévention afin de réduire le développement de ces moustiques même si aujourd’hui nous ne sommes pas dans une phase aigue de développement d’une maladie virale elle peut se développer très rapidement dans une population non protégée que nous sommes.
Au cours du débat, plusieurs intervenants ont posé la question de savoir comment les simples citoyens peuvent intervenir sur ce problème sanitaire. Dans un premier temps, on peut compléter son information (et celle de ses voisins!) en utilisant les sites suivants :
http://www.ars.paca.sante.fr/Moustique-tigre.140275.0.html
http://www.albopictus.eid-med.org/images/albo06/video/video.swf
Si l’on est confronté à des voisins récalcitrants, on peut contacter l’Entente Interdépartementale de Démoustication installée à Montpellier, tel.: 04 67 63 67 63 où des techniciens très compétents peuvent donner des indications concrètes. Ces gens ont même le droit, dans la partie ouest du département des BdR, de pénétrer chez des habitants qui refuseraient de prendre les précautions indispensables.
En principe, ce n’est pas le cas à Carnoux, mais la municipalité peut et doit intervenir dans ces cas-là par une mise en demeure de procéder à l’élimination de toute pièce d’eau stagnante.
Vous pouvez avoir accès au diaporama de la conférence que Marie Vazeille nous a gentiment donné en cliquant ici.
C.T et JC.B