Archive for juin 2015

Alternatiba, tout juste « toléré » à Marseille !

30 juin 2015

Blog201_PhBanderolleL’année 2015 est l’année de tous les enjeux avec l’organisation à Paris, au mois de décembre, de la COP 21, sommet mondial sur le changement climatique. Les initiatives citoyennes fleurissent pour inciter tous les habitants de notre planète à se mobiliser. Lancé à Bayonne en octobre 2013, où le village des alternatives avait rassemblé près de 12 000 personnes, Alternatiba est l’un de ces mouvements citoyens qui incitent à s’engager pour relever le défi climatique. Parti de Bayonne le 5 juin 2015, Alternatiba fait actuellement son tour de France en 187 étapes, prévoyant de parcourir 5 000 km, pour arriver le 26 septembre à Paris.

Le tour Alternatiba était de passage à Marseille le 24 juin sur le Vieux Port à 17h30, puis au cours Julien à 20 h, tandis que le 27 juin était prévue l’inauguration de l’installation du village des alternatives au changement climatique. Dans un premier temps, les services techniques de la ville de Marseille avaient donné un avis favorable à la manifestation. Mais au dernier moment, comme l’a notamment rapporté Politis, la mairie a interdit la manifestation, avant de finalement revenir sur sa décision sous la pression des organisateurs, pour laisser l’expression se dérouler – sans aucun débordement – sur le cours Julien. On a donc assisté à une véritable intimidation politique, puis à un recul des autorités devant le vaste effort de mobilisation de la société civile qui suspecte les élites de capter, à leur seul profit, l’intérêt grandissant pour la Conférence de fin d’année.Blog201_PhAfficheRefus

Alternatiba est pourtant une dynamique exemplaire de mobilisation citoyenne face au changement climatique, à laquelle ont déjà participé 120 000 personnes, et dont les rassemblements se sont déjà tenus sans le moindre problème dans de nombreuses villes – dirigées par des majorités de droite comme de gauche – à Bayonne ou Montpellier mais aussi prochainement à Bordeaux, Nantes, Lille, Nancy, etc. Partout, les collectivités locales, conscientes du défi climatique, font naturellement tout leur possible pour faciliter ce type d’engagement collectif aussi nécessaire que constructif.

Les raisons du refus de la mairie de Marseille n’ont pas été explicites…c’est d’ailleurs ce qui a abouti à une attitude curieuse : interdire la manifestation sur le Vieux Port le 24 mais tolérer le rassemblement sur le cours Julien le même jour où 2000 personnes se sont finalement retrouvées malgré l’interdiction. Ce sera l’interdiction de l’inauguration du village d’Alternatiba le samedi 27 au Kiosque en haut de la Canebière mais le laisser-faire sur le cours Julien ce même samedi 27 (avec tout de même 14 fourgons de police aux alentours pour surveiller et menacer Alternatib’aioli. Il faudra que le maire un jour explique une telle attitude qui a, bien sûr, mis un frein à cette initiative citoyenne, 100 % non violente, éducative, joyeuse et festive.

Quelques stands d'Alternatiba sur le Cours Julien

Quelques stands d’Alternatiba sur le Cours Julien

En effet, cette interdiction a été un coup dur sur le plan financier pour les citoyens et collectifs ayant impulsé Alternatib’aïoli (Alternatiba Marseille) qui se retrouvent sans ressources face à d’importants frais engagés, dans la perspective d’un événement qui voulait rassembler plus de 10 000 personnes. Les pertes sont estimées à 18 000 euros. L’ensemble de la population est appelée à se solidariser avec eux en participant massivement (même avec des petites sommes) au financement participatif qu’ils avaient initialement mis en place ici.

Le programme de la manifestation a dû être modifié en fonction des évènements. Par exemple, la conférence de Patrick Viveret, philosophe, parrain d’Alternatiba et auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels « Pourquoi ça ne va pas plus mal ? » (édition Fayard, 2005) et « Fraternité j’écris ton nom » (édition Les liens qui libèrent, 2015), a finalement inauguré le village d’Alternatiba vers 11h mais sur le cours Julien plutôt que sur la Canebière.

Un forum de discussion, animé et bon enfant...

Un forum de discussion, animé et bon enfant…

Sur ce même cours Julien il y avait du monde ce samedi après midi. Une population jeune avec beaucoup d’enfants, avec des espaces de prise de parole dans un petit amphithéâtre aménagé, et de nombreux stands axés sur l’économie de l’eau, les énergies renouvelables, la biodiversité, les Paniers marseillais etc. De très nombreux artistes, comédiens, chanteurs et des groupes de musiciens étaient présents, le tout dans une ambiance festive où l’orchestre invitait à danser, sans oublier les coins buvette… car il faisait chaud !!!

Une ambiance extraordinairement festive sur le Cours Julien, à Marseille

Une ambiance extraordinairement festive sur le Cours Julien, à Marseille

On avait d’ailleurs vu quelques-uns de ces stands à Carnoux pour la journée du développement durable le 30 mai, tout en regrettant alors que l’âne présent sur la place n’ait pas réussi à mettre l’ambiance festive qui favorise le plaisir de regroupement de tout groupe humain. Dommage que les organisateurs marseillais d’Alternatib’aioli n’aient pas pensé à faire ce rassemblement à Carnoux plutôt qu’à Marseille : le maire ne s’y serait certainement pas opposé…

C.G.

Changement climatique : sauvons l’eau !

28 juin 2015

Alors que se profile à la fin de l’année la fameuse réunion mondiale de la dernière chance, dite COP 21, pour enfin adopter collectivement les mesures qui s’imposent face au changement climatique global, une initiative louable a été prise dans le domaine de l’eau, à l’initiative des services de l’État et du Comité de bassin Rhône-Méditerranée.

Blog200_PhCouvertureLancée en décembre 2011 par le préfet coordonnateur de bassin, Jean-François Carenco, cette démarche vient d’aboutir à la signature, en mai 2104, du Plan de bassin d’adaptation au changement climatique dans le domaine de l’eau, lequel implique cinq régions (dont Provence – Alpes – Côte d’Azur), toutes concernées par le bassin versant Rhône-Méditerranée qui s’étend sur près d’un quart du territoire métropolitain.

Une des première étapes de la démarche a consisté à établir un bilan des connaissances. Confié à un comité d’experts scientifiques piloté par le climatologue membre du GIEC Hervé Le Treut, cette synthèse (disponible sur le site de l’Agence de l’Eau) confirme que le changement climatique global lié à l’augmentation massive des émissions de gaz à effets de serre du fait des activités humaines, présente d’ores et déjà des impacts manifestes sur ce territoire : augmentation de la température moyenne de l’air et élévation du niveau des mers sont déjà bien mesurables depuis plusieurs années, dans des proportions qui dépassent même les prévisions issues des modélisations théoriques réalisées jusqu’à présent.

Exemple de vulnérabilité des territoires sur le bassin Rhône-Méditerranée

Exemple de vulnérabilité des territoires sur le bassin Rhône-Méditerranée

En revanche, il reste toujours aussi difficile d’évaluer l’impact du phénomène sur l’évolution des précipitations locales et, par conséquent, sur le débit des cours d’eau et le niveau des nappes souterraines. Néanmoins, les scientifiques recommandent fortement de prendre en compte dans les politiques de gestion à long terme les évolutions les plus probables qui se dessinent en matière de raréfaction des ressources en eau, de modifications de l’humidité des sols, d’augmentation du risque d’inondations et de submersions marines, et surtout de réduction drastique de la biodiversité.

Après ce bilan des connaissances, a été dressé un état des lieux de la vulnérabilité des territoires face aux impacts probables du changement climatique. Il apparaît ainsi que certains sous-bassins sont plus vulnérables que d’autres face au risque notamment de diminution des débits d’étiage (en période estivale) avec les conséquences que cela implique sur la disponibilité des ressources en eau mais aussi sur la qualité des milieux aquatiques avec des risques d’échauffement et d’eutrophisation qui favorise la croissance de certaines espèces invasives.

Face à ce constat, des mesures ont été identifiées pour adapter au mieux les politiques de gestion de l’eau face au changement climatique dans le bassin Rhône-Méditerranée. C’est tout l’intérêt de cette stratégie sur laquelle se sont engagés les principaux gestionnaires de l’eau sur ce territoire : État, Agence de l’eau et Régions. Pour cela, trois axes principaux d’action ont été retenus, présentés de manière très pédagogique dans un petit film d’animation.

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Premier axe : favoriser la rétention et l’infiltration de l’eau, ce qui va à l’encontre des politiques pratiquées depuis des décennies et qui ont conduit dans une impasse dramatique. Ceci vaut pour le milieu rural où l’on n’a eu de cesse, depuis les moines bâtisseurs du Moyen-Age, de drainer et d’assécher afin de mettre en culture, une pratique qui se poursuit encore de nos jours par exemple dans le Marais Poitevin pour y développer la culture de maïs irrigué et qui a conduit à la quasi disparition de la plupart des zones humides.

Le Marais Poitevin, une zone humide gravement menacée

Le Marais Poitevin, une zone humide gravement menacée

Mais c’est encore plus vrai en milieu urbain où l’on s’est acharné pendant des générations à développer des réseaux de canalisation souterraine pour y concentrer les eaux de ruissellements sans se rendre compte que cette politique était très coûteuse, en termes d’investissement mais surtout d’entretien, incapable de faire face aux extensions de l’urbanisation en périphérie et potentiellement génératrice de catastrophes en cas de pluies exceptionnelles, lorsque le réseau se met en charge et déborde ou même s’effondre… Il convient désormais de favoriser le ralentissement de l’eau, sur les versants comme dans les villes et de faciliter son infiltration, ce qui limite les risques d’inondations et permet de recharger les nappes souterraines.

Inondation du 15 juin 2010 aux Arcs-sur-Argens (Var)

Inondation du 15 juin 2010 aux Arcs-sur-Argens (Var)

Deuxième axe préconisé : chasser le gaspillage des ressources en eau en commençant par améliorer le rendement de nos installations de distribution de l’eau potable (où, dans certains cas, plus de 50 % du volume d’eau prélevé se perd dans la nature!) et de nos systèmes d’irrigation. Dans ce domaine, la marge de progression est énorme. Par les seules incitations de l’Agence de l’Eau en 2014, ce sont ainsi 70 millions de m3 qui ont pu être économisés, soit la consommation annuelle d’une ville de 1 million d’habitants !

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Troisième piste enfin : il est temps de redonner plus d’espace de liberté à nos cours d’eau. Corsetés derrières des digues en terre ou en béton, partiellement busés dans les traversées des villes, barrés de multiples seuils destinés à alimenter des prises d’eau pour les moulins, les réseaux d’arrosage ou les usines hydroélectriques, les rivières sont trop souvent devenus de simples canaux impropres à la vie aquatiques. Les aloses et les anguilles sont devenus incapables de remonter les cours d’eau et les truites ne peuvent plus se développer dans des eaux stagnantes qui s’échauffent en été. Dans le même temps, les lits sont devenus trop étroits pour laisser passer les crues qui, du coup, dévastent les constructions qui ont été faites sur les berges, souvent sur des remblais.

Blog200_PhLogoIl est grand temps de revenir à une gestion plus raisonnable de nos cours d’eau et c’est le sens du cri d’alarme que lance l’Agence de l’Eau : « Sauvons l’eau ! ». Espérons que les collectivités territoriales à qui incombent désormais cette lourde responsabilité que constitue la compétence nouvellement définie de « gestion de l’eau et des milieux aquatiques et prévention des inondations » se montreront à la hauteur d’un tel défi…

L. V. 

Darwin Awards : pour ne surtout pas mourir idiot…

25 juin 2015

On dit parfois de quelqu’un qu’il est mort bêtement, mais comme dans tous les domaines, il y a des degrés à la bêtise. Les Darwin Awards récompensent le dessus du panier, ceux qui se sont vraiment surpassés au moment de mourir. Une manière de distinguer ceux que leur comportement particulièrement stupide a conduit à la mort, généralement aussi insolite qu’étonnante. La récompense est purement honorifique et remise bien évidemment à titre posthume, en hommage à l’esprit de sacrifice de ces hommes et de ces femmes dont la disparition a ainsi contribué à l’amélioration du patrimoine génétique humain, dans la plus pure tradition du Darwinisme social et de l’esprit potache.

Un dessin de Serre

Un dessin de Serre

La compétition est rude car comme l’exprimait si bien Einstein, dans une citation reprise en exergue du site des Darwin Awards, « Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. ». Quelques-uns des récents nominés méritent néanmoins d’être cités :

Ainsi, Paul Stiller et sa femme sont morts à Andover Township, déchiquetés par un bâton de dynamite qui a explosé dans leur voiture. S’ennuyant à bord de leur voiture à deux heures du matin, ils ont voulu allumer un bâton de dynamite et le jeter par la fenêtre pour voir ce que ça faisait, mais apparemment ils n’avaient pas remarqué que les vitres étaient fermées quand ils ont lancé le bâton…

Dans la rubrique des arroseurs arrosés, citons aussi le cas de cet homme qui a ouvert malencontreusement une lettre piégée qu’il avait lui-même envoyée mais qui lui avait été retournée par la poste parce qu’il avait oublié de coller un timbre. Ou celui de ce promeneur en Alaska qui avait lancé un bâton de dynamite sur un lac gelé, pour on ne sait quelles raisons. Sauf que, accompagné de son chien de chasse très bien dressé, celui-ci le lui a rapporté…

Cette dernière histoire ne serait cependant qu’une légende urbaine ! Ce n’est pas le cas de celle de Lee Halpin, un jeune journaliste de 26 ans qui voulait tourner un documentaire sur les sans domicile fixe. Pour s’imprégner de son sujet, il n’hésita pas à payer de sa personne et à vivre dans la rue parmi les clochards de Newcastle. Trois jours plus tard, son corps était retrouvé dans un hôtel désaffecté de la ville : mort de froid pour avoir voulu s’immerger au plus près de son sujet d’étude…Blog199_Dessin3

Autre fait divers peu banal, qui s’est déroulé au Caire, où six personnes se sont noyées en essayant de sauver un poulet tombé dans un puits de 20 mètres. Un adolescent de 18 ans fut le premier à descendre suivi de sa sœur et de ses deux frères, qui ne savaient pas nager. Deux voisins qui leur portèrent secours se noyèrent à leur tour. Par contre, en allant repêcher les cadavres, les sauveteurs réussir à récupérer le poulet qui survécut…

En 1998, le Darwin Award a été décerné, une fois n’est pas coutume, à un Allemand. Feu Werner R. était gardien de zoo. L’éléphant du parc, qui faisait l’admiration des foules, était depuis un certain temps fort malade, pris, comme ça arrive à chacun, de constipation. Le brave Werner lui a donc administré une bonne vingtaine de laxatifs spécialement conçus pour déboucher les intestins. Il n’aurait pas dû cependant rester sous l’anus de la bête : sans crier gare, une véritable nuée ardente de gaz nauséabonds l’on en effet étourdi, juste avant que les intestins du pachyderme ne libérèrent 120 kg de matière fécale qui attendaient là depuis une semaine et se sont déversés sur le pauvre gardien qui trépassa dans d’atroces souffrances…

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Un certain Augusto a également largement mérité son prix. Monté à bord d’un avion d’Air Philippines à destination de Manille, il enfila une cagoule de ski et des lunettes de natation, puis il sortit un pistolet et une grenade et annonça qu’il allait détourner l’avion. Il exigea que l’avion retourne à Davao City, mais les pilotes réussirent à le convaincre qu’ils n’avaient plus assez de carburant pour faire demi-tour et ils continuèrent vers Manille. Ne perdant pas son sang-froid, Augusto entreprit de dévaliser tous les passagers, ce qui lui permit de récolter près de 25 000 dollars ! Il exigea alors des pilotes de descendre à basse altitude. Pendant ce temps, Augusto, équipé d’un parachute qu’il avait fabriqué lui-même, obligea le personnel de cabine à dépressuriser l’avion et à ouvrir la porte. Il avait sans doute l’intention de sauter mais le vent était si violent qu’il ne parvenait pas à s’extraire de l’avion. Finalement, un des stewards le poussa à l’extérieur au moment où il dégoupillait sa grenade. Augusto jeta alors la goupille de la grenade à l’intérieur de l’avion, erreur fatale, et poursuivit sa chute avec le reste de la grenade dans les mains… L’impact que fit Augusto en percutant le sol eut parait-il un effet très limité sur le reste du monde.

Ne souhaitons en tout cas à personne de passer à la postérité en figurant sur une liste aussi infamante…

L.V.

Immigration : les mauvaises vannes du plombier hongrois

22 juin 2015

Alors que des vagues d’émigrés fuyant les combats en Syrie ou les persécutions en Érythrée, tentent de chercher refuge en Europe, au risque de périr noyés en traversant la Méditerranée sur des embarcations de fortune, notre ancien président de la République Nicolas Sarkozy vient de se livrer à une parodie de sketch dont le mauvais goût a été presque unanimement condamné. Même Jean-Marie Bigard n’avait pas osé aller aussi loin dans le cynisme et la provocation, c’est dire !

Nicolas Sarkozy en meeting à L'Isle-Adam, le 18 juin 2015 (photo F. Guillot / AFP)

Nicolas Sarkozy en meeting à L’Isle-Adam, le 18 juin 2015 (photo F. Guillot / AFP)

La scène s’est passée à L’Isle-Adam dans le Val d’Oise, le 18 juin dernier, une date que les Gaullistes nous avaient habitués à commémorer pour d’autres raisons. En meeting devant une assemblée de fervents partisans, Nicolas Sarkozy s’est laissé aller à un one-man-show accompagné de toutes les mimiques du parfait humoriste. Le thème choisi : l’immigration bien sûr, et comme de coutume les mauvaises solutions des pauvres technocrates bruxellois ont été trainées en dérision par le bouffon de service se donnant en spectacle devant un public de militants conquis.

Nicolas Sarkozy le 13 juin 2015 (photo A. Jocard AFP)

Nicolas Sarkozy le 13 juin 2015 (photo A. Jocard AFP)

Petit extraits choisis de ce discours honteux : « Il n’y a plus d’argent, plus d’emplois, plus de logements, mais ils ont trouvé un truc (…) ils ont considéré que la solution au problème d’immigration c’était pas de réduire, c’était de répartir ». Et de filer la métaphore en ironisant devant un public hilare : « dans une maison, il y a une canalisation qui explose, elle se déverse dans la cuisine. Le réparateur arrive et dit, j’ai une solution : on va garder la moitié pour la cuisine, mettre un quart dans le salon, un quart dans la chambre des parents et si ça ne suffit pas il reste la chambre des enfants ».

Près de 2000 personnes, femmes et enfants compris, viennent de se noyer en tentant de fuir à tout prix l’enfer des persécutions et de la misère. Et notre ancien président de la République qui, selon Libération a « de la fuite dans les idées », déclenche des rires gras en assimilant ce flux de migrants à un dégât des eaux. La Droite décomplexée, adepte du « gros rouge qui tâche » vient décidément de toucher le fond. Au point de se demander comment Nicolas Sarkozy a pu s’abaisser à ce type de posture, lui qui était si fier, il y a quelques années, encore de se dépeindre comme un « petit Français au sang mêlé », lui dont le père était né en Hongrie et avait trouvé refuge en France, lui qui vantait les mérites du métissage et rejetait le droit de sang « parce qu’à la fin, il y a toujours un sang plus pur ou plus impur qu’un autre ».Blog198_DessinSarko

On comprend bien sûr qu’il est prêt à tout pour se démarquer de la Droite bien pensante ou modérée et se rallier ceux qui sont tentés par le vote Front National. Comme le dit Renaud Dély dans un article du Nouvel Observateur, « pour vaincre la coalition de la droite à col roulé de Le Maire, la droite bien peignée de Fillon et la droite bien habillée de Juppé, Nicolas Sarkozy a un plan : rassembler la droite des mal-élevés ». Pas sûr qu’une telle posture soit de nature à rassembler une majorité de Français pour le placer de nouveau à la tête du pays des Droits de l’Homme, ou alors c’est à désespérer de nos concitoyens !

L. V.

Faut-il craindre la noix de coco sur la calebasse ?

20 juin 2015

Tous les médias se sont fait l’écho de cette étrange statistique selon laquelle les chutes de noix de coco feraient chaque année 15 fois plus de victimes que les attaques de requins ! Étonnant non ? Qui eut cru que les graciles cocotiers qui ondulent sur les plages paradisiaques des tropiques seraient en réalité de redoutables tueurs en série ? Et pourtant, une noix de coco de 2 kg perchée à 25 m de hauteur constitue bel et bien une arme redoutable puisqu’elle peut atteindre en chute libre la vitesse de 80 km/h et provoquer une fracture du crâne létale en cas de collision avec un touriste malchanceux…

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Reste quand même à savoir si une telle affirmation repose sur des bases solides, ce qui ne va pas forcément de soi… D’après le Nouvel Observateur, cette affirmation selon laquelle 150 personnes décéderaient chaque année après avoir reçu malencontreusement une noix de coco sur la calebasse viendrait d’une note de recherche publiée en 2002 par un certain Georges Burgess. Ce dernier, alors considéré comme un des spécialistes mondiaux des requins, travaille au Museum d’histoire naturelle de Floride et dirige The International Shark Attack File, une base de données qui compile toutes les attaques de requins recensées à travers le monde.Blog196_PhPanneauCoco

Il se serait alors contenté de relayer une note d’information d’une société d’assurance britannique, Club Direct, spécialisée dans le risque lié aux voyages touristiques et qui promettait à ses clients une couverture complète en cas d’accident dû à une chute de noix de coco sur les plages de Queensland, en Australie. Ce communiqué citait ce fameux chiffre de 150 morts par an dû aux chutes de noix de coco, en extrapolant audacieusement à partir d’une étude du professeur Peter Barss, de l’université McGill à Montréal. En réalité, ce dernier avait publié, dans le Journal of Trauma en 1984, un article sur les victimes de noix de coco dans un hôpital de Papouasie-Nouvelle-Guinée : il avait alors recensé 5 morts en 4 ans, en comptant les cueilleurs victimes d’une mauvaise chute alors qu’ils grimpaient au cocotier… Un travail de recherche absolument remarquable qui lui avait valu en 2001 le prix Ig-Nobel de médecine, la version parodiée des prix Nobel qui distingue les travaux les plus farfelus et inutiles !

Blog196_PhCueilletteUn autre article publié en 2001 par Jonathan Mulford dans le Journal of Surgery dressait un tableau synthétique des accidents impliquant des cocotiers dans les îles Salomon entre 1994 et 1999. Plus d’une centaine de victimes ont ainsi été dénombrées, dont 16 seulement touchées par la chute d’une noix de coco. Heureusement, pas un seul mort n’est à déplorer : on respire ! En fait, la grosse majorité des traumatismes constatés concernaient des personnes tombées du cocotier, mais l’inverse existe aussi avec 3 cas de cocotiers tombés sur des personnes…

Il semble donc bien que les chiffres annoncés de 150 morts par an du fait des chutes de noix de coco ne reposent sur aucune étude sérieuse. Il ne s’agit que d’un argument destiné à montrer que, par comparaison, les attaques de requins ne sont pas si fréquentes qu’on l’imagine, même si ce genre d’affirmation fait hurler les Réunionnais qui constatent qu’en 35 ans il n’a jamais été constaté la moindre victime du fait d’une chute de noix de coco alors qu’il a été dénombré dans ce même laps de temps pas moins de 21 décès du fait de rencontres avec des requins qui ont mal tournées (pour l’homme, cela s’entend).

Blog196_PhRequinBlancCeci dit, les attaques de requins sont elles-mêmes à relativiser. De fait, les accidents sont de plus en plus fréquents (et en tout cas mieux répertoriés), ne serait-ce qu’à cause d’une fréquentation accrue des zones à risques : d’une quarantaine d’attaques annuelles recensées dans les années 1980, on est passé à une centaine actuellement : 83 recensées en 2012 dont 9 mortelles et 97 en 2013 selon le Global Shark Attack File, dont 13 mortelles, mais seulement 3 morts recensés en 2014 pour 72 attaques.

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Ces chiffres en tout cas restent relativement modérés quand on les compare aux statistiques connues pour d’autres espèces animales. A titre de comparaison, on estime que le moustique, en transmettant plusieurs maladies dont le paludisme, cause plus de 800 000 morts chaque année. Quand aux serpents, dont certains cobras particulièrement virulents, leurs victimes seraient estimées en moyenne annuelle à environ 100 000 à travers le monde. Les scorpions seraient quand à eux responsables d’environ 3 000 décès par an. Les alligators eux-mêmes sont infiniment plus dangereux que les requins avec de l’ordre de 2000 humains tués chaque année. Même certains herbivores tels que les éléphants et les hippopotames, pourtant considérés comme plutôt placides et en voie rapide d’extinction ne sont pas si inoffensifs qu’on l’imagine lorsqu’on les chatouille de trop près et sont à l’origine de plusieurs centaines de morts par an.

Les accidents de la circulation, principale cause de décès des jeunes de 15 à 29 ans

Les accidents de la circulation, principale cause de décès des jeunes de 15 à 29 ans

En tout cas, et même sans parler des noix de coco tueuses, le nombre de décès qui est imputé à toutes ces bestioles plus ou moins dangereuses reste infime par rapport aux autres risques naturels qui nous guettent. Comme le rappelle justement l’OMS, sur les 56 millions de personnes qui sont décédées en 2012, 68 % d’entre elles ont été victimes d’une des quatre principales maladies non transmissibles que sont les maladies cardio-vasculaires, les cancers, le diabète et les pneumopathies chroniques. Les maladies transmissibles, les affections maternelles et périnatales et les problèmes nutritionnels sont collectivement responsables de 23 % des décès dans le monde et les accidents de seulement 9 %. Parmi ces derniers, la principale cause de mortalité reste les accidents de la circulation qui tuent chaque année de l’ordre de 1,3 millions de personnes dans le monde, dont plus de 4000 en France, rappelons-le… On est bien loin des quelques accidents rarissimes causés par une mauvaise rencontre hasardeuse, fût-ce avec un requin blanc trop curieux ou avec une noix de coco en chute libre !

L. V.

Jean-Marie Le Pen ou la chute d’un épouvantail bien commode…

17 juin 2015

Cette fois, c’est donc fait : Jean-Marie Le Pen s’est fait virer de son propre parti qu’il avait fondé il y a plus de 40 ans, en 1972. Exclu de son parti par sa propre fille à l’issue du bureau politique du Front National le 4 mai dernier, quel extraordinaire destin, digne des meilleures tragédies grecques ou de la pièce skakespearienne Le roi Lear ! Certes, le « Menhir » n’est pas encore mort et il continue de s’exprimer, mais c’est quand même un sacré bouleversement du paysage politique…

Le Pen père et fille le 1er mai 2015 (photo P. Wojazer / REUTERS)

Le Pen père et fille le 1er mai 2015 (photo P. Wojazer / REUTERS)

Son apparition impromptue sur la tribune lors de la fête traditionnelle du 1er mai, au moment précis où sa fille allait entamer son discours officiel, son attitude provocatrice dans son habit rouge vif que tous les photographes ont immortalisés et les acclamations qu’il a déclenchées, tout cela a donc été la goutte de trop qui a fait déborder le vase et poussé Marine Le Pen à cette décision radicale, elle qu’on voit ronger son frein, l’ai profondément agacé en arrière plan des photos…

L’éviction du trublion d’extrême-droite dont les saillies verbales et les dérapages en tout genre rythmaient la vie politique française depuis des décennies, change en tout cas la donne. Pas forcément pour le gros des troupes du FN qui dans leur grande majorité ne voulaient plus le voir et s’étaient ralliés au discours plus policé de sa fille, mais assurément pour tous ceux, Droite et Gauche confondus, qui voyaient en Jean-Marie Le Pen un repoussoir bien pratique, un épouvantail à électeurs, qui pour rien au monde n’auraient voté pour un parti jugé xénophobe, antisémite et pétainiste, voire fascisant.

Photomontage diffusé sur Twitter

Photomontage diffusé sur Twitter

Car Jean-Marie Le Pen n’hésitait pas à endosser tous ces rôles au détour de ses diatribes et de ses bons mots, comme si son ambition était davantage de faire parler de lui et de faire plaisir à ses copains négationnistes ou nostalgiques de l’OAS, plutôt que de convaincre et de rassembler pour dégager une majorité autour de lui. Son credo : « mieux vaut perdre avec ses idées que gagner avec celles des autres ». Une belle posture qui l’a effectivement toujours maintenu éloigné du pouvoir. Déjà en 1988, il n’avait pas hésité à s’opposer frontalement à la stratégie d’alliance portée par Bruno Mégret, au point d’aboutir à la scission du parti, à la perte de ses principaux cadres et à son affaiblissement durable, après des élections régionales où le FN avait pourtant fait des scores remarquables.

C’est sans doute François Mitterrand qui le premier avait compris à quel point une telle stratégie de l’épouvantail rendait le FN finalement bien utile. En mettant en avant Le Pen dans les médias, il favorisait les votes d’extrême-droite, affaiblissant d’autant la droite républicaine qui perdait ainsi une partie de son électorat classique. Certes en 2002, la stratégie a conduit à l’élimination de la Gauche dès le premier tour des présidentielles, mais le score somme toute modeste de Jean-Marie Le Pen au second tour, a confirmé que l’adhésion à ses idées restait assez marginale dans le pays.Blog197_PhLePenColere

Depuis que Marine Le Pen a pris les rênes du parti, les choses sont en train de changer. Les scores du FN augmentent régulièrement, grâce au ralliement de tous les déçus du système qui rejettent en bloc la mondialisation, les élites et les partis politiques traditionnels. Jusque là, une forte majorité de Français affirmaient avec conviction que, jamais au grand jamais, ils ne voteraient Front national, considéré comme un parti nationaliste et raciste. Mais la disparition de l’épouvantail Jean-Marie Le Pen et la stratégie de dédiabolisation à laquelle s’applique sa fille change totalement la donne. Le programme économique du parti s’est clairement déporté à gauche, l’antisémitisme a été banni du discours officiel qui se recentre sur une apologie du rôle de l’État, de la laïcité et de la redistribution. Des arguments qui font mouche parmi les classes populaires qui se sentent exclues par la mondialisation financière et par les effets du multiculturalisme que les élites prônent tout en s’en protégeant !

Les outrances de Jean-Marie Le Pen empêchaient jusqu’à présent au Front National de drainer suffisamment de mécontents pour constituer une majorité. Pas sûr que sa disparition ne soit finalement une si bonne nouvelle pour les démocrates de tout poil qui s’inquiètent de la progression de ce parti, élection après élection…

L.V. LutinVertPetit

Le duo Sarkozy-Berlusconi alimente les fantasmes des jeunes Japonaises !

15 juin 2015

C’est une belle pépite que vient de révéler le Huffington Post, repérée cette semaine seulement par des fans français de mangas japonais ! Dans cet extrait de dessin animé, on y voit un groupe de jeunes japonaises délirer autour de leurs fantasmes quant à leur attirance pour des hommes mûrs et le dialogue est pour le moins surprenant :

« J’aime beaucoup les hommes plus âgés. »

« Tu as dit que tu aimais les hommes raffinés de plus de 50 ans : comme Poutine et Medvedev ? Ou Obama et Clinton? »

« Les deux pourraient me plaire. Mais pour moi, c’est Berlusconi et Sarkozy ! »

La vignette qui illustre cet échange savoureux montre effectivement une image totalement fantasmée mais qui rend bien reconnaissables les deux chevaux de retour du paysage politique franco-italien, représentés torse nu, dos-à-dos, muscles saillants et regard complice.

Blog195_PhManga

Malgré cette tenue dénudée, les voilà en tout cas habillés pour l’hiver au détour de ces quelques plans qui figurent depuis 2013 dans la partie bonus du dessin animé réalisé à partir du manga japonais Genshiken Nidaime, lequel relate les activités d’un groupe d’étudiants qui gravite autour d’un club d’otaku, ces adeptes de culture visuelle moderne, fans de mangas, jeux vidéos et dessins animés.

Car la suite du dialogue n’est pas moins savoureuse :

« Qui sont-ils ? »

« Des hommes politiques étrangers. »

« Et s’ils ne courraient les jupons que pour cacher leur relation secrète ? »

On savait déjà que la couverture médiatique des déboires extraconjugaux de Bill Clinton avait fait le tour du monde, ainsi d’ailleurs que celle des activités controversées de notre DSK national dans certain hôtel new-yorkais, mais on n’imaginait pas à quel point notre ancien Président de la République et nouveau président des Républicains faisait fantasmer la jeunesse nippone, du fait de son pouvoir de séduction et de son caractère volage supposés.

Blog195_PhSarkoBerlu

Quant à imaginer une relation secrète entre Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi, il est vrai que les deux hommes politiques ont beaucoup de points en commun, ne serait-ce que leur goût immodéré de l’argent et du pouvoir et leur détestation commune de la Justice ordinaire, mais de là à leur attribuer une liaison sentimentale, il y a quand même un sacré pas à franchir ! Décidément, ces Japonais ne respectent vraiment rien…

L. V. LutinVertPetit

Pierre Stambul, victime d’une incursion brutale du Raid à son domicile

13 juin 2015

Le coprésident de l’Union juive française pour la paix, Pierre Stambul, vient de subir à son domicile marseillais de Montredon, dans la nuit du 8 au 9 juin 2015, une incursion nocturne pour le moins musclée de la part du RAID, soi-disant unité d’élite de la Police nationale française, qui s’est violemment attaqué à son domicile en pleine nuit après avoir terrorisé tout le voisinage, utilisant les techniques les plus brutales de la lutte anti-terroriste et l’embarquant menotté pour une garde à vue qui a duré pas moins de 7 heures…Blog194_PhRaid

Pourquoi un tel déchaînement de violence contre un paisible citoyen ? En réalité, c’est une simple erreur de la police suite à un mauvais canular téléphonique, comme l’a reconnu à La Provence le préfet de police de Marseille Laurent Nunez. Pas de quoi fouetter un chat donc, et d’ailleurs, trois jours plus tard, la victime attendait toujours des excuses officielles ou au moins des explications, comme elle l’indique sur le site de Politis où elle raconte sa mésaventure…

Pierre Stambul à Carnoux le 23 septembre 2013

Pierre Stambul à Carnoux le 23 septembre 2013

Pierre Stambul est un militant associatif qui se présente comme juif, athée et antisioniste et qui était d’ailleurs intervenu en septembre 2013 à Carnoux, à l’invitation du Cercle progressiste carnussien pour une conférence remarquable intitulée « La guerre israélo-palestinienne : quelles causes ? Quelle issue ? ». Une de ses tribunes récentes sur l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme a aussi été reproduite sur ce même blog et c’est également sur ce thème récurrent qu’il s’apprêtait à donner une nouvelle conférence à Toulouse, le 9 juin dernier, co-organisée par l’Union juive française pour la paix et le comité BDS (Boycott, Désinvestissement Sanctions) qui cherche à mobiliser l’opinion internationale pour inciter Israël à se conformer au droit international.

La veille de son départ pour Toulouse, alors qu’il dormait paisiblement à son domicile marseillais aux côtés de son épouse Sarah, son téléphone sonne longuement vers 1h du matin. Lorsqu’il finit par répondre, le mystérieux interlocuteur raccroche et Pierre Stambul se recouche après avoir laissé le combiné décroché. Deux heures plus tard, à 3h30, sa porte d’entrée est violemment défoncée et un commando du RAID lourdement armé fait irruption. Pierre Stambul est immédiatement plaqué au sol, menotté, insulté par les brutes armées qui l’empêchent de s’exprimer. Il reste ainsi pendant trois quart d’heure sans pouvoir s’expliquer tandis que le commando fouille son domicile à la recherche de caches d’armes devant les voisins accourus à la rescousse. Le fils de son propriétaire qui tente de s’interposer est également brutalisé et plaqué au sol. Le portail d’entrée du lotissement et les portes d’entrée de deux autres locataires ont aussi été fracturés sans ménagement.

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Ce n’est que peu à peu que la cause d’un tel déchaînement de violence se fait jour. Pierre Stambul apprend ainsi à sa grande surprise qu’il est accusé d’avoir tout simplement tué son épouse pourtant bien vivante à ses côtés ! Un mystérieux interlocuteur a en effet appelé vers 1h30 le commissariat de police du 9ème arrondissement, se faisant passer pour Pierre Stambul et déclarant qu’il venait de frapper sa femme. Les policiers rappellent aussitôt et tombent sur le même homme qui leur affirme alors que sa femme est morte et qu’il les attend armé d’un fusil, d’où le branle-bas de combat et l’intervention musclée du RAID.

Mais l’affaire n’en reste pas là, comme si la victime était nécessairement suspecte. C’est donc menotté qu’il est remis à la police nationale et emmené avec sa compagne au commissariat situé rue de…Haïfa selon le récit de La Marseillaise (ça ne s’invente pas !). Il finit la nuit en cellule et ce n’est qu’à 8h du matin qu’il est enfin interrogé avant d’être de nouveau placé en garde à vue, pour finalement quitter le commissariat à 11h30 seulement. Il assurera quand même la conférence à Toulouse le soir même à 20h30, conférence à laquelle assistent près de 300 personnes malgré les protestations de la Ligue de défense juive qui appelait à empêcher cette conférence par tous les moyens.

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Or ce mauvais canular dont a été victime Pierre Stambul est clairement signé, comme le reconnaît en effet le Préfet de police. Son auteur est selon toute vraisemblance le franco-israélien Grégory Chelli, un militant sioniste proche de l’extrême droite israélienne, qui se définit lui-même comme « hacktiviste » et qui se présente sous le pseudonyme de « Ulcan ». Né en 1982 à Paris, cet ancien membre de la Ligue de défense juive s’est fait connaître à la fin des années 2000 en publiant sur un site Web intitulé ViolVocal, des impostures et canulars téléphoniques, technique qu’il maîtrise parfaitement et qu’il a largement appliquée à partir de 2013 à des fins d’activisme politique.

Grégory Chelli, alias Ulcan, sur son profil Facebook

Grégory Chelli, alias Ulcan, sur son profil Facebook

Hacker émérite et par ailleurs webmaster d’un site pour adultes en Roumanie, il lance de multiples actes de piratage informatique contre différents médias et personnalités politiques au cours de la guerre de Gaza en 2014, bloquant notamment les sites de France Inter et de France Info, qu’il rend momentanément inaccessibles, mais revendiquant aussi des attaques contre les sites de Rue89, Libération, Médiapart, Arrêt sur images ou encore celui du NPA Franche-Comté.

Plus grave, il s’attaque directement aux personnes, n’hésitant pas à harceler et menacer de nombreux journalistes et personnalités, parmi lesquels des rappeurs, mais aussi l’écrivain d’extrême droite Hervé Ryssen, le chroniqueur Aymeric Caron ou l’islamologue Tarik Ramadan, ainsi déjà qu’un autre dirigeant de l’Union juive française pour la paix, Jean-Guy Greilsamer, le 31 mars dernier. Sa spécialité : obtenir les données confidentielles d’infractions issues du fichier STIC de la police et les rendre publiques ou s’en servir pour du harcèlement téléphonique. Sa technique : le phreaking, qui lui permet de falsifier le numéro de l’appelant, et l’utilisation des codes radio utilisés pour l’identification des commissariats de police.

De tels outils s’avèrent des armes redoutables dans les mains de ce psychopathe fanatique, comme le relate un article très documenté du Monde. Ainsi, en juillet 2014, il appelle la police en se faisant passer pour le journaliste de Rue89, Pierre Haski, et il déclare avoir tué son épouse et s’être retranché armé à son domicile. Quelques jours plus tard, il s’en prend à un autre journaliste de Rue89, Benoît Le Corre, dont il appelle les parents en leur faisant croire que leur fils est mort. Puis il téléphone à la police en se faisant passer pour le père du journaliste, lequel déclare avoir tué sa femme et son fils puis s’être barricadé chez lui, déclenchant ainsi un assaut du GIGN en pleine nuit. Le père du journaliste n’y survivra pas et décédera d’un infarctus quelques jours plus tard, ce qui n’empêchera pas Grégory Chelli de harceler encore le malheureux journaliste pour le narguer.

Une autre de ses victimes, Sihem Souid, chargée de mission auprès du ministère de la justice, raconte également son calvaire rapporté par Arrêt sur images. Harcelée en septembre 2014 de centaines d’appels de menaces revendiqués par le même Grégory Chelli, elle porte plainte après que ses propres parents ont été eux-aussi convoqués au commissariat suite aux embrouilles d’Ulcan. Et elle croit vivre un cauchemar en découvrant que l’enquête est confiée à un certain Michel Thooris, par ailleurs secrétaire général du syndicat policier d’extrême-droite France Police, et qui serait un proche de la Ligue de défense juive. Grégory Chelli s’est d’ailleurs lui-même vanté d’être passé par ce même policier pour accéder aux données du fichier STIC !

Le policier Michel Thooris, proche des milieux d'extrême droite sioniste

Le policier Michel Thooris, proche des milieux d’extrême droite sioniste

Arrêté et condamné à deux reprises en 2008 et 2009 pour des actes de violence commis alors qu’il militait au sein de la Ligue de défense juive, Grégory Chelli quitte la France en juillet 2014 pour aller se réfugier à Ashdod en Israël, peu avant qu’une nouvelle information judiciaire ne soit ouverte contre lui. Depuis, la coopération judiciaire avec l’État d’Israël ne semble guère avoir prospéré sur ce dossier et Pierre Stambul se demande même si un mandat d’arrêt international a bien été lancé à son encontre. En tout cas, Grégory Chelli ne semble pas prêt d’arrêter ses « canulars téléphoniques » puisqu’il a recommencé dès le lendemain, s’en prenant cette fois à l’ancien député communiste (et ancien président de l’association France Palestine Solidarité) Jean-Claude Lefort, une autre des têtes de turc de la Ligue de défense juive, avec exactement le même mode opératoire que la veille auprès de Pierre Stambul.

L.V.

Sécurité routière : une campagne très osée…

10 juin 2015

Les 250 habitants du Touillon-et-Loitelet, petit bourg rural du Haut Doubs, n’en sont pas encore revenus. En ce lundi 13 avril 2015, ils ont eu la surprise de découvrir une immense banderole de 5 m de longueur accrochée sur la façade de la salle des fêtes en plein centre du village. Et sur cette banderole, une photo très osée de leurs 11 élus municipaux, maire en tête, tous posant dans leur plus simple appareil, munis de quelques panneaux de limitation de vitesse comme cache-sexe…

Blog193_PhBanderole

Une campagne de communication orchestrée pile poil pour annoncer que désormais la vitesse dans une rue étroite du centre bourg passe de 50 à 30 km/h. La décision de réduire la vitesse autorisée avait été prise lors d’un conseil municipal en décembre 2014 et c’est le maire de la commune, Sébastien Populaire, qui a proposé cette idée d’une campagne d’affichage un peu osée et franchement décalée. Les autres sont tombés des nues mais tous ont accepté de jouer le jeu et de poser nu devant l’objectif d’un photographe. Les séances de pose se sont faites par petits groupes de trois, dans le plus grand secret, comme le raconte France Bleue Besançon, et le jour J, l’immense bannière a été déployée sur la façade de la salle des fêtes, à la surprise générale.Blog193_PhMurAffiche

En tout cas, l’histoire a fait le buzz et tous les médias locaux et nationaux ont repris l’information. Comme quoi certains élus locaux ne manquent pas d’audace ni d’imagination lorsqu’il s’agit de sensibiliser leurs administrés en matière de sécurité routière. Après le slogan choc à prendre au second degré comme celui affiché à l’entrée de Bretenière, voilà donc des élus particulièrement habités de leur fonction (à défaut d’être habillés), qui payent de leur personne pour faire passer le message aux automobilistes trop pressés. Tant de dévouement pour l’intérêt général montre qu’il ne faut jamais désespérer de la démocratie locale !

L. V. LutinVertPetit

La mairie de Marseille perd un employé modèle…

8 juin 2015

C’est un employé municipal exemplaire que vient de perdre la mairie de Marseille en la personne de Bernard Fischetti, employé communal depuis 1987 et qui vient d’être victime, le 19 mai dernier, d’un banal accident de la circulation sur les coups de 8h30, alors qu’il se rendait à son bureau, au service municipal des sports, tout près du stade Vélodrome, portant à la main un sachet de viennoiseries qu’il se faisait un plaisir de partager avec ses collègues à l’heure du café.

Il s’agit bien a priori d’un accident du travail puisqu’il a eu lieu à une vingtaine de mètres seulement de l’entrée des bureaux où il travaillait comme coursier, rue Léon Paulet dans le 8ème arrondissement. Cet employé municipal de 50 ans a été malencontreusement heurté par cinq balles tirées presque à bout portant dont trois dans la tête, ce qui ne lui laissait guère de chance d’en réchapper. Les témoins de la scène ont vu le tireur rejoindre un complice qui l’attendait sur une moto de grosse cylindrée sur laquelle les deux hommes se sont fondus sans difficulté dans la circulation marseillaise. L’engin a été retrouvé entièrement calciné à quelques kilomètres de là. La routine, quoi…

La scène du crime devant le bureau des sports de la Ville de Marseille (photo N. Vallauri, publiée dans La Provence)

La scène du crime devant le bureau des sports de la Ville de Marseille (photo N. Vallauri, publiée dans La Provence)

La victime n’a vraiment pas eu de chance car tous s’accordent pour confirmer qu’on ne le voyait que très rarement au bureau. C’est d’ailleurs ce qu’avaient relevé les juges lors d’un procès auquel il avait été mêlé en novembre 2013 : « les filatures démontraient qu’il se contentait de passer quelques minutes au bureau ». C’était sans doute encore trop car ces quelques minutes lui ont été fatales…

Bernard-Ange Fischetti, employé municipal à ses heures perdues...

Bernard-Ange Fischetti, employé municipal à ses heures perdues…

A vrai dire, cet employé modèle de la ville de Marseille, fonctionnaire municipal depuis près de 30 ans, surnommé « Petit Ber » par ses collègues, était davantage connu pour les activités auxquelles il s’adonnait en dehors de la fonction publique territoriale. Selon La Marseillaise, il tenait en fait une brasserie rue de l’Évêché où il passait ses journées comme l’a démontré le procès dont le jugement de novembre 2013 relève que « son emploi aux services de la Ville de Marseille sert de couverture à des activités bien plus lucratives juste après le pointage ». En réalité, il est surtout considéré par la Police judiciaire comme « un bandit corso-marseillais », proche d’Ange-Toussaint Federici, considéré comme le chef des « bergers-braqueurs de Venzolasca » et condamné en appel en octobre 2012 à 30 ans de réclusion criminelle pour la tuerie du bar des Marronniers qui avait fait trois morts en 2006, un règlement de comptes entre bandes rivales pour le contrôle des machines à sous de l’étang de Berre.

Plusieurs fois condamné depuis 1992 pour braquage et association de malfaiteurs puis, en 2000, pour faux administratifs, Bernard Fischetti semble avoir mené de front et sans que cela ne pose le moindre problème sa carrière de fonctionnaire et ses activités de truand. Arrêté en 2003 à Andorre en compagnie d’un conseiller municipal proche de Renaud Muselier, Philippe Mazet, alors qu’ils tentaient d’encaisser 1,3 millions d’euros de chèques volés dans une étude de notaires du cours Pierre Puget, il avait fait un nouveau séjour en prison tout en continuant semble t-il à toucher son salaire de fonctionnaire. Réintégré sans difficulté à sa sortie de prison il a été de nouveau condamné en 2013 à deux ans de prison et 15 000 € d’amende pour avoir joué les coursiers nocturnes, non pas en heures supplémentaires pour la mairie de Marseille, mais sur son temps libre pour le compte de son second patron, Ange-Toussaint Federici, et pour les besoins d’une activité de racket des établissements de nuit aixois, dans une affaire joliment baptisée « Calisson ».

Cette dernière condamnation avait fini par attiré l’attention des juges sur le fait que sa carrière de fonctionnaire n’était pas totalement compatible avec ses fonctions dans le grand banditisme et ils l’avaient donc condamné de surcroît à 5 ans d’interdiction de fonction publique, décision confirmée en appel en février 2015. Mais, ayant déposé un recours devant la Cour de cassation, Bernard Fischetti a donc pu rester en poste jusqu’au bout : un vrai employé modèle !

Le président de groupe socialiste à la mairie de Marseille, Stéphane Mari, s’en est étonné, mais le Directeur de cabinet du maire, Claude Bertrand, n’a pas tardé à le rassurer avec deux arguments imparables. Le premier est que le recrutement daterait de l’époque où la Ville de Marseille était dirigée par le regretté Gaston Defferre, et le second est qu’il faut respecter les procédures : puisque le condamné a fait appel devant la Cour de cassation, il n’y a aucune raison de se priver de ses services tant que la condamnation n’est pas définitive.

Jean-Claude Gaudin, élu en 1965 à 25 ans sur la liste de Gaston Defferre...

Jean-Claude Gaudin, élu en 1965 à 25 ans sur la liste de Gaston Defferre…

On savait certes que Defferre avait fait preuve d’une grande ouverture d’esprit dans sa coopération avec la pègre locale pour s’assurer la paix sociale dans sa gestion municipale et que Jean-Claude Gaudin, élu avec lui, avait été à bonne école. On espérait néanmoins que ces temps étaient quelque peu révolus depuis sa disparition en 1986, il y a près de 30 ans. Manifestement il n’en est rien comme l’indique La Provence qui rapporte les propos du délégué syndical Force Ouvrière Patrick Rué : « Avant, les fonctionnaires condamnés posaient des vacances pour aller en prison, mais ça n’est plus possible, la justice informe désormais les collectivités. Et je vous rassure, tous les voyous de la ville ne travaillent pas à la mairie… ». Nous voilà rassurés en effet quant à la probité des près de 12 000 fonctionnaires payés par la Ville de Marseille !

L. V.

Les Républicains : la nouvelle famille unie de la Droite…

7 juin 2015

Bonne ambiance samedi 30 mai lors du premier congrès fondateur des Républicains. On y célébrait en famille l’enterrement officiel de feu l’UMP, dont les cendres sont discrètement poussées sous le tapis par un Nicolas Sarkozy pressé de toutes parts par les investigations de juges un peu trop pointilleuse à son goût. Lorsque l’étau de la Justice se rapproche, mieux vaut mettre la clé sous la porte et changer d’enseigne. La recette est vieille comme le monde et plus d’un patron filou l’a mise en œuvre avec succès. Exit donc l’UMP après le RPR et tant d’autres étiquettes bien vite oubliées, et vive « Les Républicains ».

Blog191_DessinDeligneA défaut de convictions fermement ancrées, cette Droite-là au moins a le sens du marketing… Ce week-end, grâce à cet habile tour de passe-passe, Nicolas Sarkozy est donc devenu « Président des Républicains ». Ce n’est pas encore tout à fait « Président de la République » mais on n’en est pas loin et indéniablement, cela en impose. Comme l’exprime avec humour un dessin de Gros paru dans Marianne, montrant Sarkozy balayant d’un revers de main agacé les questionnements d’un juge, « Président des Républicains, c’est au dessus de Procureur de la République » !

Voilà en tout cas un concept fédérateur : qui en France pourrait se dire anti-républicain ? Démocratie et République sont sans aucun doute des mots consensuels. A cette aune là, la République démocratique d’Allemagne, l’ex-RDA, aurait d’ailleurs dû être un paradis de franche camaraderie dont la sécurité était garantie par la bienveillance de l’armée rouge et où la STASI faisait régner une ambiance de grande transparence. Bienheureux celui qui se laisse bercer par la magie des mots…

Un "Républicain" fatigué... (photo T. Camus/AP/SIPA)

Un « Républicain » fatigué… (photo T. Camus/AP/SIPA)

En tout cas, Nicolas Sarkozy n’a pas ménagé ses efforts pour faire de ce congrès fondateur des Républicains un grand moment de convivialité. Les militants de l’ex UMP, pourtant habituellement très disciplinés, ne lui ont guère facilité la tâche : peu d’entre eux se sont déplacés pour y participer et ceux qui étaient présents ont copieusement hué François Fillon et Alain Juppé, les futurs rivaux présumés du grand patron lors des primaires de 2016. Voilà qui fait plutôt mauvais genre au sein de la grande famille des Républicains qui devait se présenter dans sa nouvelle unité et sous son meilleur visage…

Alain Juppé a semble t-il assez mal vécu ce nouveau moment de solitude face à des militants franchement hostiles qui n’ont applaudi que du bout des doigts son discours. Une photo publiée par Le Point, dans son édition du 4 juin 2015, le montre d’ailleurs quittant la tribune, le visage fermé et la tête basse, tenant encore à la main les feuillets de son allocution tandis qu’on aperçoit au premier rang de l’assistance un Nicolas Sarkozy survolté, hurlant on ne sait quoi à son encontre…

Photo Micky Clément publiée dans Le Point (sans les commentaires...)

Photo Micky Clément publiée dans Le Point (sans les commentaires…)

Bon, reconnaissons que les commentaires n’ont pas lieu d’être sur cette photo, mais avouez que vous y avez pensé vous-aussi…

En réalité, comme l’explique Le Point lui-même, la réalité est plus prosaïque. Sarkozy a bien compris que les sifflets qui ont accueilli le maire de Bordeaux risquaient de produire un effet détestable, ruinant tous ses efforts de faire apparaître les Républicains comme une grande famille unie et solidaire. Il crie donc à son rival : « Reste sur scène Alain ! La photo, la photo de la poignée de main ! ». Le plus important à ses yeux est en effet de montrer, face aux photographes, la grande complicité qui unit les deux ténors de la Droite. Il se précipite donc en courant vers la tribune pour y grimper et serrer la main de Juppé devant les objectifs avant que ce dernier ne puisse s’esquiver. Qui donc a parlé de politique-spectacle ?

L. V.

Qui l’eut cru ? Le stade de l’OM réfléchit trop…

5 juin 2015

La rénovation du stade Vélodrome à Marseille a coûté une petite fortune (270 millions d’euros) au contribuable et à ses descendants pour les 35 ans à venir. Tout le monde sait, et les élus locaux les premiers, que le foot est populaire à Marseille, ce qui vaut bien quelques sacrifices pour les citoyens qui payent leurs impôts locaux non seulement dans la commune mais aussi à la communauté urbaine, au Département et même à la Région, solidarité oblige… Déjà les Romains avaient bien compris que les jeux du cirque faisaient beaucoup pour la popularité des responsables politiques !

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Depuis, on a beaucoup progressé dans le raffinement. Non seulement rien n’est trop beau pour faire plaisir au supporter-électeur, mais en même temps on fait un gros cadeau au club de l’OM qui paye un loyer dérisoire pour la mise à disposition du stade flambant neuf et, cerise sur le gâteau, on enrichit généreusement le groupe de BTP Bouygues construction, qui, par la grâce d’un partenariat public privé particulièrement favorable, va se faire rembourser très largement sa mise de fonds initiale, comme nous l’avions déjà évoqué ici, et ceci malgré les dénonciations récurrentes de la Cour régionale des comptes…

Blog190_PhStadeNuitBref tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possible, maintenant que l’OM a récupéré son stade flambant neuf qui illumine la nuit marseillaise à des kilomètres à la ronde, sauf que l’ouvrage monumental semble…presque trop éblouissant aux yeux du voisinage !

C’est un reportage de France Bleu Provence qui a révélé l’affaire. L’immense voilure blanche ondulée qui recouvre l’enceinte du stade réfléchit le soleil provençal et provoque une réverbération telle que les voisins s’en trouvent gênés. Une habitante d’une tour proche dont le balcon donne sur le stade avoue ainsi être obligée de maintenir en permanence les rideaux tirés, au risque de s’abîmer les yeux. Blog190_PhToitDetail

Une autre reconnaît garder des lunettes de soleil dans son appartement et un opticien du quartier recommande de s’équiper de lunettes noires pour ce protéger de cette réverbération jugée « éprouvante ». « Pour les yeux, c’est un calvaire » juge ainsi une des voisines interrogée par la radio locale. Une association locale de locataires, faisant preuve d’un sens aigu de l’opportunisme, envisage d’ailleurs déjà de négocier avec la mairie de Marseille une réduction de la taxe d’habitation pour compenser cette nouvelle nuisance inédite. Il n’y a pas de petits profits dans la cité phocéenne…

Blog190_PhToitStadeOn connaissait le pouvoir de fascination qu’exercent sur la jeunesse les stars éblouissantes du ballon rond, mais on n’avait pas encore conscience de l’extraordinaire pouvoir de réflexion que procurent les infrastructures modernes dans lesquelles elles évoluent…

L. V.

Jean Zay, ministre de l’Éducation Nationale et des Beaux-arts à 32 ans !

3 juin 2015

Au moment où la dépouille de Jean Zay fait son entrée au Panthéon, il paraît utile de rappeler ce que fut son engagement au sein de l’Éducation nationale et son action pour une école plus démocratique.

Blog189_PhFilmPour ce faire, nous nous réfèrerons à plusieurs sources, dont le portrait dressé par les historiens Antoine Prost et Pascal Ory, intitulé Jean Zay, Le ministre assassiné, publié en co-édition par Taillandier et le réseau CANOPÉ (ex-CNDP).

Né en 1904 à Orléans, d’un père journaliste et d’une mère institutrice, Jean Zay avait commencé une brillante carrière d’avocat avant d’être élu député en 1932, à 28 ans. Il fut l’un des artisans du ralliement du Parti radical-socialiste au Front populaire. Léon Blum lui confia le ministère de l’Éducation nationale ; il n’avait pas encore 32 ans. Il y réussit si bien qu’il fut reconduit dans cette fonction jusqu’à sa démission, à la déclaration de guerre.

Quelles initiatives devons-nous à Jean Zay ?

Hors de l’Éducation nationale, nous lui devons la création du CNRS. Comme ministre chargé aussi des Beaux-Arts, ce qui correspond aujourd’hui au domaine de la Culture, il créa la réunion des théâtres nationaux, le musée des arts et traditions populaires et le festival cinématographique de Cannes dont la première édition, prévue en septembre 1939, ne put se tenir à cause de la situation de guerre.

Mais c’est surtout le ministère de l’Éducation nationale qu’il a réformé. Il l’a doté d’un véritable projet démocratique et républicain en prolongeant la durée de la scolarité obligatoire et en promouvant la mobilisation des enseignants, l’expérimentation, donc en faisant appel à la base des maîtres, avant d’encadrer et de réglementer. Nous pourrions parler de démocratie participative !

La prolongation de la scolarité est décidée par une loi du 9 août 1936, qui porte, dès la rentrée, l’obligation scolaire de 13 à 14 ans. Au lieu de définir aussitôt par circulaire le contenu et les programmes de cette année de fin d’études primaires, Jean Zay laisse « toute liberté d’initiative » aux instituteurs. Il se contente de leur fixer la triple mission d’assurer dans ces classes un complément d’instruction, une initiation à la culture et une orientation professionnelle. Les programmes viendront plus tard. Il agit de même pour introduire trois heures d’éducation physique dans le primaire : il lance une expérimentation dans trois départements, puis dans vingt-neuf. Les activités dirigées, les classes promenades, l’étude du milieu par l’observation active sont développés de la même façon, avant d’être intégrées à de nouvelles instructions officielles en septembre 1938. (Extrait du texte de présentation de la conférence sur Jean Zay organisée par le CNRS qui s’est tenue le 11 février 2015 à Orléans).

La démocratisation a d’abord consisté à remettre à plat la structure de classe de l’enseignement français. Il y avait à l’époque deux filières cloisonnées, le primaire pour les milieux populaires, le secondaire pour les classes privilégiées (du petit lycée – CP-3ème – au lycée 2nde-terminale). Le projet consistait à unifier l’enseignement élémentaire, pour créer un premier degré, et à organiser un second degré diversifié, incluant les anciennes classes primaires supérieures. Le remplacement des anciennes désignations primaire et secondaire par les nouvelles, premier et second degrés, est le signe d’un changement de structure.

Ensuite, avec lui, le sport et la culture entrent à l’école.

Enfin, il a aussi jeté les bases d’un réseau de centres d’orientation, en rendant obligatoire la consultation d’un centre avant tout contrat d’apprentissage.

 Jean Zay dans son bureau (Archives nationales)

Jean Zay dans son bureau (Archives nationales)

Jean ZAY s’inscrit pleinement dans la tradition républicaine. Il est dans la continuité de Jules Ferry qui, loin de limiter l’enseignement primaire au lire, écrire et compter, voulait en faire un enseignement largement ouvert à la culture. Il s’inscrit dans une tradition pédagogique qui, en s’appuyant sur l’activité et le travail des élèves, et qui ne confond pas faire classe et faire cours. Célestin Freinet lui décerne un compliment rare : « Si nous avions, dans l’histoire de l’évolution scolaire française, quelques lustres aussi riches en innovations hardies que les deux dernières années, il y aurait bientôt quelque chose de changé dans l’éducation française. »

L’école, pour ce ministre, ne se bornait pas à instruire. Ainsi, les instructions de 1938 se terminent par cet objectif concernent les élèves : [l’éducation devrait développer ] « les dons de corps, de cœur et d’esprit qui font les travailleurs, les citoyens, les hommes véritables ».

Jean Zay fut attaqué, notamment par l’extrême-droite violente qui n’acceptait pas qu’un «juif» (converti au protestantisme) puisse avoir des responsabilités nationales. On a reproché par exemple à Jean Zay d’être le ministre « de la récréation» parce qu’il attachait de l’importance aux activités de plein air, au développement de «loisirs dirigés». Pédagogiste innovant, ses Instructions officielles en 1938 prônaient un enseignement «moins formel et plus proche de la vie.»

Jean Zay a aussi voulu développer la formation des enseignants, notamment sur le plan des méthodes pédagogiques.

Les positions de Jean Zay sont toujours d’actualité à un moment où l’École tente de se réformer pour mieux répondre aux enjeux démocratiques de notre société, dont le premier, faire réussir tous les élèves.

Puisse son message être entendu.

Regrettons enfin qu’aucun collège ou lycée de notre Région ne porte son nom !

Michel Motré

Inspecteur d’Académie

Inspecteur Pédagogique Régional honoraire

A Carnoux, l’âne du développement durable…

1 juin 2015

Le samedi 30 mai 2015 est à marquer d’une pierre blanche dans la – brève – histoire de la commune. Moins de cinquante ans après sa création et pour la première fois à notre connaissance, il y a été question de développement durable, une grande avancée sur cette commune, urbanisée sur la quasi totalité de son territoire (c’est déjà la ville la plus densément peuplée des Bouches-du-Rhône en dehors de Marseille) et où l’on bétonne à qui mieux mieux les rares espaces encore disponibles du centre ville.

A Carnoux, le bétonnage progresse à grands pas, seulement ralenti par les faillites d'entreprises...

A Carnoux, le bétonnage progresse à grands pas, seulement ralenti par les faillites d’entreprises…

Une ville traversée par un flot incessant de voitures, identifiée comme un des pires points noirs de la circulation routière dans le département des Bouches-du-Rhône. Une ville où il est fortement déconseillée de se déplacer à pied tant certains trottoirs sont étroits, au point que le piéton, déjà assourdi par le bruit de la circulation routière et asphyxié par les émanations des pots d’échappement, est frôlé par les véhicules lancés à pleine vitesse.

A Carnoux, mieux vaut être mince pour arriver à se faufiler sur certains trottoirs...

A Carnoux, mieux vaut être mince pour arriver à se faufiler sur certains trottoirs…

Une ville où les déplacements en vélo ne sont prévus que sur un court tronçon le long du mail et dont le reste de la traversée relève du stage de survie en milieu hostile. Une ville donc où tous ceux qui tiennent à leur peau sont contraints de se déplacer en voiture, d’autant que les transports en commun restent encore largement à développer. Une ville enfin où même le covoiturage est interdit, comme le rappellent de manière explicite des panneaux installés sur tous les espaces de stationnement. Bref, un lieu où tout reste à faire en matière de développement durable.

A Carnoux fleurissent un peu partout des panneaux rappelant que le covoiturage y est strictement interdit...

A Carnoux fleurissent un peu partout des panneaux rappelant que le covoiturage y est strictement interdit…

Blog188_PhAfficheEt c’est donc la bonne nouvelle de la semaine qui était justement celle du développement durable comme nous l’indiquent de grandes banderoles déployées au milieu du chantier du centre ville : à défaut du maire, sa troisième adjointe, chargée des transports, de l’environnement et de la qualité de vie, souhaite introduire la notion de développement durable dans la gestion de notre commune. On ne peut que se réjouir d’une telle prise de conscience et l’encourager à passer rapidement de la parole aux actes !

Pour l’instant, l’initiative s’est limitée à rassembler quelques stands d’exposants autour de la place Lyautey, histoire de faire découvrir aux Carnussiens l’action de l’ONF à qui la commune a confié la gestion de ses quelques parcelles forestières, et celle de la SERAMM, une filiale de la Lyonnaise des eaux, à qui la communauté urbaine a délégué la gestion de ses eaux usées. Le clou de cette manifestation, qui ne semble néanmoins guère avoir attiré les foules, était un petit âne, réfugié à l’abri de barrières de sécurité et qui se laissait obligeamment caresser par les passants.

La présence de cet âne était-elle un message subliminal pour suggérer à la population que la commune fait partie des mauvais élèves du développement durable, l’une des dernières communes française à avoir mis en place un système de tri sélectif des ordures ménagères, qui n’est toujours pas fonctionnel dans les logements collectifs du centre ville ? Une commune où les déchets sont transportés par camions à l’autre bout du département pour y être incinérés en dehors même du territoire de la communauté urbaine… Une commune en tout cas où l’environnement et le cadre de vie sont bien éloignés des attentes des citoyens tels qu’elles avaient par exemple été exprimées en 2011 par des membres du Conseil de développement de la Communauté urbaine MPM dans leur cahier de recommandations (GuideRecommandation2011)…

Quel message faut-il donc déduire de la présence de cet âne sur la place Lyautey ?

Quel message faut-il donc déduire de la présence de cet âne sur la place Lyautey ?

A dire vrai, il semble qu’il ne faille pas chercher si loin et que cet âne insolite avait seulement pour objet d’amuser les passants. A Carnoux en effet, il convient d’être particulièrement prudent avec ces questions qui touchent à nos comportements individuels et collectifs. Certes le réchauffement climatique devient peu à peu irréversible, la biodiversité est gravement menacée, les cours d’eau et les nappes phréatiques sont pollués, l’air devient irrespirable et les habitants de l’agglomération marseillaise dont Carnoux fait partie perdent déjà 7 mois d’espérance de vie du seul fait de la pollution atmosphérique…

Mais il ne faut surtout pas alarmer l’électeur. Tout le monde sait que la priorité est de modifier nos modes d’urbanisation, d’améliorer l’isolation thermique des bâtiments, de faire évoluer nos modes de consommation et surtout de développer des systèmes performants de transports en commun. Tous ces changements ne peuvent se faire qu’à l’échelle de l’aire métropolitaine et supposent une volonté politique forte, appuyée par une véritable mobilisation de la société civile. De nombreux citoyens de Carnoux et les associations locales sont manifestement prêts à s’engager dans cette voie. Encore faut-il que nos élus acceptent de les écouter… Espérons qu’ils sauront enfin prendre le sujet à bras le corps et agir au delà de ce qui s’apparente pour l’instant plutôt à une simple opération de communication…

L.V.