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Icair : un nouvel indice de suivi de la pollution

6 mars 2023

Mesurer la pollution de l’air ambiant en région PACA et mettre cette information à disposition d’un large public, telle est la mission que s’est fixée AtmoSud, une structure associative agrée par le ministère de la transition écologique. Regroupant dans sa gouvernance à la fois des collectivités territoriales, des services de l’État et des représentants des industriels mais aussi des associations de protection de l’environnement et des consommateurs, elle est considérée comme un outil de mesure aussi objectif que possible de la pollution atmosphérique à laquelle nous sommes exposés quotidiennement.

Comme tous les membres de la fédération AtmoFrance, elle a pour fonction principale de gérer, sur son territoire, en l’occurrence toute la région PACA, un observatoire de référence permettant de mesurer, analyser et diffuser des données quotidiennes sur la qualité de l’air. Son champ d’action est donc relativement large puisqu’il englobe aussi bien les polluants atmosphériques que les émissions de gaz à effets de serre mais aussi les nuisances (sonores notamment, mais aussi olfactives), les résidus de pesticides ou encore les pollens.

Station de mesure d’AtmoSud pour le suivi de la qualité de l’air (source © AtmoSud)

Regroupant une soixantaine d’agents, AtmoSud a été créé en 2012 par fusion des associations préexistantes AIRFOBEP (fondée en 1972 pour surveiller la qualité de l’air dans l’ouest des Bouches-du-Rhône, surtout autour de l’étang de Berre) et AtmoPACA créée plus tardivement, en 2006, pour couvrir le reste de la région.

Depuis 1996, la législation française impose la publication d’un indice Atmo disponible dans chaque commune et qui représente une moyenne quotidienne d’exposition à la pollution atmosphérique dominante, le plus souvent le taux d’ozone. Mais la réalité est nécessairement plus complexe car cette pollution atmosphérique, liée pour l’essentiel à la circulation automobile, varie d’heure en heure, si bien que les moyennes journalières n’ont pas beaucoup de sens.

Les gaz d’échappement des véhicules, source principale de pollution de l’air en ville (photo © Shutterstock / Kit embrayage)

Elle est par ailleurs la résultante de nombreux facteurs, le niveau d’ozone n’étant que l’un d’entre eux, même s’il est souvent prédominant en site urbain. On sait en effet que les particules fines (surtout inférieures à 2,5 µm) en suspension dans l’air sont aussi particulièrement nocives, de même que les composés organiques volatiles (issus des gaz d’échappement et de l’utilisation de solvants), le dioxyde d’azote (qui résulte surtout de la circulation automobile), le dioxyde de soufre (provenant principalement des systèmes de combustion et chauffage, de même que le monoxyde de carbone) ou encore les métaux lourds (issus de l’activité industrielle et de la combustion).

Il était donc grand temps d’affiner un peu ce suivi de la pollution atmosphérique et c’est ce que vient de faire AtmoSud en rendant public un nouvel indice présenté le 1er mars 2023 dans les locaux de l’observatoire régional. Dénommé Icair, cet indice permet de visualiser heure par heure 4 paramètres principaux qui donnent une bonne idée de la pollution atmosphérique mesurée mais aussi prévisionnelles pour les heures à venir. Ces 4 composantes ainsi détaillées sont l’ozone, l’oxyde d’azote et 2 classes de particules fines (inférieures à 10 µm et à 2,5 µm).

Carte de la qualité de l’air en région PACA le 2 mars 2023 à 20h et zoom sur le secteur de Carnoux (source © AtmoSud)

Le site grand public d’AtmoSud permet donc désormais de suivre en temps réel la pollution de l’air ambiant sur l’ensemble de notre région avec une résolution très précise, selon une maille formée de carrés de 25 m de côté. Bien entendu, cette représentation cartographique repose principalement sur une modélisation car les données de base sont recueillies dans un réseau qui ne comporte au total que 60 stations de mesure réparties sur toute la région PACA. Ainsi, les 2 stations les plus proches de Carnoux se situent respectivement à La Penne-sur-Huveaune (près de la gare SNCF) et à Aubagne (au niveau du cimetière des Passons).

Le mail dans la traversée de Carnoux-en-Provence (source © Google Maps)

Malgré la circulation automobile particulièrement intense qui traverse notre commune, évaluée à près de 20 000 véhicules par jour sur le mail, la ville de Carnoux ne dispose donc d’aucune station de mesure de la qualité de l’air que respirent les habitants dont les fenêtres donnent pourtant directement sur cet axe routier très chargé aux heures de pointe. C’est donc par simple modélisation qu’est évaluée la charge en particules fines et en dioxyde d’azote qui atteint à certains moments des pics inquiétants le long de cet axe de circulation.

Indices mesurés et prévisions pour Carnoux le 3 mars 2023 et variations horaires de l’indice global Icair (source © AtmoSud)

Les taux de pollution varient en effet fortement dans la journée, en fonction du trafic routier mais aussi des conditions météorologiques. Il vaut donc mieux connaître ces fluctuations pour éviter de se promener le long du mail aux pires heures de la journée, le soir notamment, lorsque les taux de pollution sont au maximum.

Encore faudrait-il pour cela disposer de mesures locales plus fines de la pollution en installant un capteur à Carnoux même, afin de mieux informer la population qui y est exposée, d’autant que les norias de camions supplémentaires qui s’annoncent du fait du projet de remblaiement de la carrière Borie vont encore aggraver la situation pour les 3 ans à venir ! Un système d’affichage en temps réel alimenté par les données issues de ces capteurs constituerait un bon outil d’information, ce qui ne paraît pas très difficile à mettre en place en utilisant le panneau lumineux déjà existant.

Il ne manque finalement qu’un minimum de volonté politique car ce n’est évidemment pas un problème financier, des micro-capteurs étant désormais disponibles sur le marché pour quelques centaines d’euros seulement et une station de mesure complète coûte de l’ordre de 15 000 €, c’est-à-dire grosso modo ce que dépense chaque année notre commune pour la maintenance de ses 37 caméras de vidéosurveillance : la santé de nos concitoyens ne mériterait-elle pas un petit effort ?

L. V.