Archive for 13 août 2015

À la recherche des cités disparues…

13 août 2015

Blog216_PhLivreAlors que certains nostalgiques d’Indiana Jones cherchent toujours à percer les mystères de la fameuse arche perdue, voici que l’écrivaine Aude de Tocqueville vient de publier un livre admirable dont France Inter s’est fait récemment l’écho. Intitulé « Atlas des cités perdues », cet ouvrage édité en 2014 par Arthaud, propose un tour du monde de 40 villes fantômes, anciennes capitales de royaumes disparues, villes minières retournées à la poussière, oasis millénaires englouties dans les sables ou villes industrielles désertées à la suite d’un accident brutal ou d’une crise économique.

Passionnée d’histoire ancienne, Aude de Tocqueville s’est penchée en priorité sur les cités antiques irrémédiablement détruites. Carthage bien sûr, l’ancienne cité punique que les légions romaines ont fini par anéantir en 146 avant J.C., en réponse aux injonctions répétées du vieux Catilina et son fameux « Carthago delenda est » qui a servi d’exemple grammatical à des générations d’apprentis latinistes… Après trois ans de siège à l’issue de la troisième guerre punique, la cité carthaginoise est prise d’assaut, dévastée et brûlée pendant 17 jours, de sorte qu’il n’en reste plus rien ! Elle sera pourtant reconstruite un peu plus tard par les Romains eux-mêmes et ses ruines restent visibles encore de nos jours…

Blog216_PhCarthage

Il Vesuvio e le rovine di PompeiPompéi bien sûr fait partie de ces villes antiques mythiques, elle qui a été brusquement rayée de la carte, ensevelie sous un déluge de cendres volcaniques issues du Vésuve en 79 après J.C. Exhumée de nouveau, quasi intacte, cette cité disparue est devenue un haut lieu du tourisme internationale et continue à défrayer régulièrement la chronique du fait de son état de délabrement avancé et du peu de moyens que consacre l’État italien à sa sauvegarde. Pompéi est ainsi en passe de devenir le symbole de la ruine italienne de ruines romaines…

Ma’Rib au Yemen © Bernard Gagnon - 2015

Ma’Rib au Yemen © Bernard Gagnon – 2015

Ma’Rib, l’ancienne capitale du Royaume de Saba, dont on retrouve des évocations dans la Bible comme dans le Coran, fait également partie du voyage à remonter le temps. Située dans l’actuel Yemen, à 120 km à l’est de l’actuelle capitale Sana’a, l’antique Ma’Rib présente à proximité les vestiges d’un très ancien barrage construit aux environs de 1500 avant J.C., qui permettait d’irriguer une très vaste surface ceinturée d’une digue de 650 m de longueur : un des plus spectaculaires vestiges d’ouvrage hydraulique ancien connu !

Blog216_PhBam

La ville de Bam au sud de l’Iran, n’est pas vraiment une ville perdue puisque près de 100 000 personnes y vivaient au pied de l’antique citadelle, magnifique forteresse rose bâtie en plein désert, mais la ville a été victime en 2003 d’un terrible séisme qui a quasiment rasé l’ancienne ville et gravement endommagée les parties les plus modernes.

Blog216_PhPripiatAu fil des pages et au travers de multiples exemples de cités au destin tragique, on s’aperçoit ainsi que les villes, comme toutes les constructions humaines, sont en évolution perpétuelle mais qu’elles sont mortelles, tout comme leurs bâtisseurs, et qu’elles peuvent disparaître parfois en quelques minutes seulement ou à la suite d’une longue agonie. Ainsi, la ville de Pripiat, en Ukraine, cité ouvrière florissante située à proximité de la centrale nucléaire de Tchernobyl a été vidée de la totalité de ses habitants en quelques minutes seulement, le 27 avril 1986, plus de 30 heures quand même après l’explosion du réacteur…

Blog216_PhCentraliaEn Pensylvanie, aux USA, la ville de Centralia était bâtie au dessus d’une mine de charbon où s’est déclaré accidentellement un incendie en 1962. Le feu s’est propagé lentement à travers les galeries de l’exploitation souterraine et n’a jamais pu être arrêté : il brûle toujours et sans doute encore pour plusieurs siècles ! Sa propagation a dévasté tout le réseau routier et la quasi totalité des habitations de la ville, déstructurées par les affaissements de sol qui en résultent. La ville a dû être totalement évacuée.

Blog216_PhAngkor

Dans d’autres cas, ce sont des crises écologiques, politiques ou économiques qui sont à l’origine du déclin et de l’abandon de villes pourtant immenses comme celle d’Angkor au Cambodge. Des cites minières ont été abandonnées du jour au lendemain suite à l’épuisement des filons exploités, ainsi celle de Kadykchan en Russie ou d’autres aux USA liées à la ruée vers l’or. Des villes et même parfois des sites antiques fabuleux se sont retrouvées noyés lors de la construction de retenues d’eau après que tous leurs habitants ont été évacués, pas toujours de plein gré. En Espagne, une ville construite à Seseña au sud de Madrid pour accueillir 40 000 habitants est restée inachevée suite à la crise de l’immobilier…

Ville de Hashima au Japon

Ville de Hashima au Japon

Les raisons qui ont conduit à l’abandon de ces cités sont donc très variées, mais le résultat est le même : un lieu de vie où les hommes se regroupent pour vivre, commercer, travailler, échanger, étudier peut se retrouver vidé de ses habitants et mourir ensuite à petit feu tandis que la végétation reprend peu à peu ses droits, confirmant une fois de plus que nos civilisations sont mortelles, mais qui en doute encore ?

L.V.