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La santé et les présidentielles (2)

9 avril 2012

La santé et la nutrition

La santé c’est comment la recouvrer avec la médecine mais c’est aussi et surtout comment ne pas la perdre. On est de plus en plus informé de la relation étroite entre le mode de nutrition et les maladies. Notre mode de vie a beaucoup changé notre nourriture. Le temps de préparation des repas a considérablement diminué. Nous sommes complètement envahis par les produits de l’industrie agro-alimentaire et devenus accrocs à ses propositions depuis la plus petite enfance. Des campagnes de pub sont nécessaires pour nous rappeler qu’il faut manger des légumes et des fruits, tous les jours, que notre santé en dépend. Oui mais c’est cher, disent ceux qui ont du mal à « joindre les deux bouts » et cela ne « tient pas au ventre » disent les jeunes qui préféreront toujours des frites et des pizzas plutôt que des haricots verts ou des carottes, ignorant que les féculents font aussi partie intégrante d’une alimentation saine mais à condition d’éviter d’y ajouter des sucres et des graisses.

Une union des consommateurs a mené un sondage au domicile de 340 familles, inspectant placards, réfrigérateurs et interrogeant parents et enfants. Le constat est accablant : le sondage montre que le petit-déjeuner des enfants est « majoritairement déséquilibré », avec 55 % de produits sucrés ou gras, et le pain, aliment emblématique du matin, se retrouve délaissé au profit des céréales dans leur version trop sucrée. Mais le goûter est encore plus préoccupant avec une augmentation de la part de produits trop riches consommés de 51 % à 64 % en 4 ans.

Ainsi l’organisation de défense des consommateurs pointe nouveau du doigt l’industrie agroalimentaire, qu’elle accuse de ne pas respecter les engagements pris en 2009 et visant à promouvoir un bon comportement nutritionnel dans le cadre de la lutte contre l’obésité infantile. Olivier Andrault, chargé de mission de l’UFC, explique que : « 80 % des spots publicitaires portent sur des produits trop sucrés ou trop gras ». L’enquête a permis « de confirmer le lien entre l’exposition au marketing télévisé et les habitudes alimentaires ». Les enfants les plus exposés aux publicités sont aussi ceux qui consomment le plus de produits trop riches. L’UFC a par ailleurs constaté que la publicité alimentaire s’est majoritairement retirée des programmes jeunesse, mais elle a glissé vers des tranches horaires où il y a beaucoup d’enfants devant le petit écran.

On voit ainsi que la santé est profondément discriminatoire quand il s’agit de se soigner mais le mode de nutrition est encore plus lié au milieu social. On sait que l’obésité entraîne des troubles de la santé dont les principaux sont le diabète de type 2, l’hypertension artérielle, l’excès de lipides dans le sang (dyslipidémie), les atteintes cardiovasculaires, le syndrome d’apnée du sommeil, l’arthrose et un risque accru de certains cancers. Il faut également souligner le retentissement psychologique et social de la maladie. Ainsi dans les études concernant l’obésité qui est devenue une urgence de santé publique, la fréquence de l’obésité est sept fois plus élevée chez les enfants d’ouvriers que chez ceux des cadres, comme le rappelle le rapport sur «l’organisation et les perspectives de la recherche en matière de prévention et de traitement de l’obésité ». Une étude de l’Insee révèle que cette différence de l’obésité s’est accrue aussi ces dernières années suivant les catégories socioprofessionnelles et suivant le niveau de diplôme l’obésité (voir graphique suivant), même si on voit très clairement que le surpoids et l’obésité ont progressé sur l’ensemble de la population.

L’apprentissage de tous à bien se nourrir dès la petite enfance, devrait faire partie des programmes de toute éducation parentale et de l’école, pour que le budget nourriture ne soit pas celui qui est le premier rogné quand on a un petit budget.

Prévalence de l’obésité en %

Quelle relation avec la campagne ?

On aimerait que cette campagne électorale nous aide à remettre en cause notre mode de vie, le système intégré : super marchés fournis par l’industrie agro alimentaire et par une agriculture  intensive. On ne peut plus ignorer aujourd’hui les dégâts à long terme sur notre santé de la présence d’un ensemble de produits introduits dans notre alimentation et auxquels on est « habitués » avant d’en être malades : pesticides, huiles trans, sucre en grande quantité, aspartame, etc. On voit alors que toute l’organisation de notre société libérale et mondiale doit trouver un autre souffle : comment contraindre les grands groupes internationaux de l’industrie agro alimentaire de diminuer drastiquement les apports de sucres et de graisses dans tous leurs produits. Les actions des associations de consommateurs peuvent être très puissantes et peuvent faire reculer des multinationales, mais les politiques au niveau national, européen ou mondial n’ont-ils pas aussi à intervenir ?

Comment convaincre les agriculteurs du monde entier que la terre peut nourrir tous les hommes de la planète mais pas de la façon dont on le fait aujourd’hui. Ne peut-on pas rêver qu’une autre politique agricole pourrait être orientée le plus vite possible vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement ? Mais comment faire renoncer aux actionnaires du monde entier, les dividendes supérieurs à 2 chiffres qu’ils « doivent avoir d’amblé » avec le commerce des produits de la terre ou des produits industriels, aveuglés par une avidité devenue intolérable ?

 CT