Comme d’habitude serait-on tenté de dire… Une nouvelle fois, le second tour de ces élections départementales et régionales, dimanche prochain 27 juin 2021 se résumera, pour l’électeur carnussien, comme pour de nombreux autres en France, à un n-ième duel entre un candidat de la droite LR et un autre du Rassemblement national…
Pour ces élections départementales, et pour la première fois depuis bien longtemps, la gauche locale avait pourtant fait l’effort de se présenter unie dans le canton de La Ciotat comme dans une bonne partie des Bouches-du-Rhône, même si l’union n’avait pas réussi à englober les mouvements citoyens pourtant fortement mobilisés depuis la belle victoire du Printemps marseillais l’an dernier.
Mais cela n’a pas suffi pour endiguer un fort tropisme de l’électorat local pour la droite et l’extrême droite. A Carnoux, comme d’ailleurs à La Ciotat, pourtant le fief des candidats de la liste d’union de la gauche, le binôme du RN arrivait même en tête du premier tour, laissant néanmoins la victoire à la droite LR sur l’ensemble du canton. La maire de Cassis et celui de Ceyreste sont largement en tête avec plus de 42 % des suffrages exprimés à l’issue de ce premier tour, assurés d’être élus sans difficulté à l’issue du second tour.
Avec près de 25 %, le binôme de gauche fait un score plus qu’honorable dans un secteur aussi marqué à droite, mais cela ne suffit pas pour le qualifier. Il lui aurait en effet fallu remporter au moins 12,5 % des inscrits pour pouvoir se maintenir au second tour, ce qui était quasiment mission impossible avec un taux de participation aussi faible, deux-tiers des électeurs n’ayant pas jugé utile de se déplacer…
Quant à la Région, le pari était encore plus difficile pour la liste d’union de la gauche menée par l’écologiste Jean-Laurent Felizia, un paysagiste quasi inconnu, simple élu municipal d’opposition dans la petite commune varoise du Lavandou. Son score final de quasiment 17 % à l’échelle régionale et qui dépasse même les 20 % dans les Bouches-du-Rhône, est cependant loin d’être ridicule et lui aurait permis d’obtenir un nombre d’élus non négligeable au second tour.
Il a d’ailleurs été sérieusement tenté de se maintenir pour arbitrer le duel du second tour entre les deux frères ennemis de la droite, Renaud Muselier et Thierry Mariani. Mais la pression des états-majors des partis de gauche qui le soutenaient a été trop forte et il a donc annoncé dès le lendemain du vote qu’il ne pousserait pas plus loin l’aventure et qu’il se résignait donc à jeter l’éponge. Les électeurs de gauche se retrouveront donc, pour la deuxième fois consécutive et pour six ans encore, sans le moindre représentant au Conseil régional PACA.
Une décision difficilement compréhensible dans un tel contexte où Renaud Muselier, soutenu par le parti présidentiel LREM et qui venait de recevoir le renfort de l’écologiste de droite, Jean-Marc Governatori, était à peu près assuré d’être réélu, même dans une triangulaire. Bien qu’arrivé en tête à l’issue du premier tour, le RN dépassait tout juste la barre des 36 % à l’échelle régionale, loin derrière son score de 2015 qui ne lui avait pourtant pas permis d’atteindre la majorité absolue au second tour.
La crainte de voir Thierry Mariani en tête au second tour était donc très largement infondée. Mais les états-majors politiques parisiens ont préféré monter l’affaire en épingle et dramatiser à outrance ce risque de voir le RN remporter la Région PACA, diabolisant tant et plus Thierry Mariani qui a pourtant fait toute sa longue carrière politique dans les rangs chiraquiens, qui menait la liste UMP aux régionales de 2010 aux côtés de Bernard Deflesselles, et dont on aurait bien du mal à distinguer en quoi ses idées et sa pratique politiques diffèrent de celles de son vieil ami Renaud Muselier…
Mais la politique est aussi affaire de symbole et il fallait donc sacrifier la défense des idées de la gauche écologiste sur l’autel du vieux mythe totalement éculé du front républicain, un réflexe pavlovien qui oblige la gauche responsable à s’effacer au profit des vieux renards de la politique affairiste et sans scrupule dont Renaud Muselier est un bel exemple.
Un sacrifice que Christophe Castaner avait fait sans la moindre hésitation en 2015, avant de quitter ostensiblement les rangs de la gauche pour rejoindre en courant ceux des Macronistes. Mais on aurait pu imaginer davantage de conviction et de combativité de la part des candidats d’union de la gauche en 2021, dans un contexte où jamais on n’a vu un candidat de droite en ballottage défavorable se désister au profit d’un adversaire de gauche pour faire barrage au Front national. Comment les électeurs déjà plus que désabusés et aussi faiblement mobilisés pourraient-ils encore se déplacer pour aller voter alors que leur choix démocratique est aussi clairement bafoué par ceux qui sont supposer les représenter ?
L. V.
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30 juin 2021 à 5:24
[…] du désistement de la gauche en sa faveur et du ralliement de l’écologiste Jean-Marc Governatori, le sortant Renaud Muselier […]
15 juin 2022 à 6:11
[…] pour lesquels ils n’avaient guère d’affinités. On a ainsi vu à deux reprises, en 2015 comme en 2021, les candidats de gauche aux élections régionales en région PACA, pourtant dûment qualifiés […]