Conséquence direct du réchauffement climatique global, les feux de forêt n’arrêtent pas de faire des ravages malgré les moyens financiers, matériels et humains gigantesques accordés depuis des années à la prévention. En Amérique du Nord, après les incendies meurtriers qui se sont déclenchés début juillet dans le nord-ouest du continent à l’issue d’une vague de chaleur totalement inédite, c’est maintenant au tour de la Californie, régulièrement en proie aux flammes, de se battre contre des incendies gigantesques. On se souvient du feu de Paradise qui, en 2018, avait déjà fait 85 morts dans cette région fortement boisée. Cette année, c’est Dixie qui tient la vedette : déclenché le 13 juillet 2021, il a complètement rasé en quelques heures la petite ville de Greenville le 3 août et continue depuis sa course inexorable, ayant déjà réduit en cendre plus de 275 000 hectares et détruit plus de 1200 habitation !
Le pourtour méditerranéen paye lui aussi cette année un lourd tribut aux feux de forêt qui s’en sont donné à cœur joie, début août notamment en Grèce et en Turquie, faisant au moins une dizaine de victimes, sans même compter l’équipage d’un hydravion bombardier d’eau de la marine russe qui s’est écrasé au sol le 14 août en pleine intervention. Plus de 220 000 hectares seraient ainsi partis en fumée cette année sur le sol turc tandis que plus de 100 000 ha ont été ravagés par les flammes en seulement deux semaines, en Grèce.
Le Maghreb est également fortement touché cette année par ces feux de forêts, là encore du fait des chaleurs exceptionnelles qui y sont actuellement enregistrées. Autour du 15 août, c’est le Maroc qui a dû faire face à d’impressionnants feux de forêt dans la partie nord du pays, dans la région de Chefchaouen en particulier. Mais la situation est nettement plus dramatique encore en Algérie qui a été confronté à deux vagues successives d’incendies meurtriers, début juillet d’abord, puis entre le 9 et le 14 août, faisant pas moins de 90 morts parmi la population des villages souvent isolés de Kabylie mais aussi au sein des militaires envoyés combattre le feu sans moyens aériens vraiment appropriés.
Et voilà que depuis lundi 16 août 2021 en fin d’après-midi, le département du Var est à son tour en proie à un gigantesque incendie comme le département n’en avait plus connu depuis la vague de 2003 qui avait vu partir en fumée près de 19 000 ha dans ce département et avait causé la mort de 7 personnes dont 3 pompiers. Cette année, le feu qui a déjà brûlé 7100 ha de forêt, de vignes et de garrigues, et réduit en cendre la moitié de la Réserve nationale naturelle de la Plaine des Maures, un havre de biodiversité particulièrement vulnérable, faisant au moins deux victimes retrouvées carbonisées dans leur maison de Grimaud, près de Saint-Tropez, est parti de l’aire d’autoroute des Sigues, sur l’A57, près de Gonfaron au nord de Toulon.
Bien entendu, une enquête est en cours et il est encore trop tôt pour connaître la cause exacte de ce sinistre alors même que les pompiers continuent à empêcher les reprises de feu sur les bordures encore fumantes. Portant, de nombreux indices laissent penser qu’il s’agit ni plus ni moins qu’un mégot lancé négligemment par un automobiliste de passage sur cette aire d’autoroute… Après des décennies de campagnes d’information, des générations complètes de scolaires sensibilisées au risque de feu de forêt, des millions de dépliants distribués pour expliquer les ravages que peut causer un jet de mégot ou une utilisation inappropriée de barbecue, et des milliers de panneaux d’avertissement déployés le long des routes forestières du pays, on peine à croire qu’il existe encore des inconscients qui persistent à jeter leur cigarette incandescente par la fenêtre de leur véhicule, un jour de mistral en traversant un massif forestier…
Et pourtant, il suffit de rouler quelques minutes sur n’importe quelle route un peu passante pour repérer un individu jetant son mégot par la portière, comme si de rien n’était ! Un geste machinal voire inconscient, qui est pourtant source de pollution de l’environnement et qui peut avoir des conséquences dramatiques si le mégot met le feu à la végétation du talus routier… Pourtant, jeter un mégot sur la voie publique est bel et bien une infraction, passible d’une amende qui, depuis un récent décret de décembre 2020, est passé à 135 € (minorée à 90 € si on paye dans les 15 jours, mais qui peut être portée à 750 € par voie judiciaire).
Mais c’est à la police municipale de verbaliser ce type d’infraction et il est encore assez exceptionnel que les contrevenants soient sanctionnés pour ce type de geste, alors même qu’on estime à 90 000 € le coût annuel de ramassage des mégots par kilomètre de voirie pour la seule ville de Marseille, et ceci sans même compter les impacts en cas de départ de feu ! C’est d’ailleurs au vu de ces enjeux environnementaux que certains pays ont décidé de durcir le ton. Ainsi, à Singapour, une personne, surprise par les caméras de vidéosurveillance à jeter ses mégots par la fenêtre de son appartement, a écopé d’une contravention de 12 400 € assortie d’une peine de travaux d’intérêt général. En Australie, la Nouvelle-Galles-du-Sud a décidé début 2020 d’une amende de 7 100 € pour les conducteurs qui jettent leur mégot en période sèche, et d’un retrait de 10 points sur le permis de conduire…
Il paraît navrant de devoir être obligé de durcir ainsi les sanctions pour faire enfin évoluer certains comportements irresponsables, mais la nature humaine étant ce qu’elle est, force est de constater qu’une campagne de sensibilisation, même pédagogique et répétée, suffit rarement. Chaque automobiliste est parfaitement conscient qu’il prend davantage de risques pour sa vie et celle de ses passagers lorsqu’il roule trop vite et sans sa ceinture de sécurité. Pour autant, il a fallu une multiplication des radars automatiques pour que la vitesse, et par conséquent le nombre de tués, baisse enfin de manière significative sur les routes de France : c’est triste à dire, mais en matière de prévention, l’information seule suffit rarement si elle n’est pas accompagnée d’un minimum de répression…
L. V.
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