Culture biologique : l’exemple donné par un atelier d’insertion à Carnoux

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Quiconque s’est récemment promené le long de l’avenue de Suffren à Carnoux a pu observer un changement d’aspect du terrain de l’ESAT Arc en Ciel qui jouxte les dernières villas du quartier des Lavandes ! On y voit souvent des employés parés de leurs gilets oranges s’affairer à des travaux de plantation ou, comme quand je me suis rendu sur place, au broyage de branches et de feuillages.

Constitution des buttes de permaculture : étape 1 (source © ESAT)

Ce qui n’était qu’un espace de pierres et d’herbes, avec quelques pins, est devenu un jardin potager agrémenté d’arbres fruitiers et formé de buttes en arc qui ouvrent sur une pièce d’eau ceinte d’une clôture en bois réalisée par l’ESAT de la Valbarelle..

La localisation du jardin sur le site de l’ESAT (source © Google Earth)

Ce projet de création d’un espace de polyculture biologique sur le site du pôle Arc en Ciel (ESAT et Ateliers de Provence) est le fruit d’une équipe dirigée par Madame Anne Texier et il est piloté par Monsieur Guillaume Drouillard, chargé d’insertion et responsable clients pour les espaces verts.

Pourquoi créer un espace de polyculture biologique sur ce site ?

Le projet se fixe plusieurs objectifs dont le premier vise à fédérer les travailleurs handicapés du Pôle ESAT et des personnes en difficulté des Ateliers de Provence sur une nouvelle activité à forte valeur ajoutée pédagogique et écologique. Il valorise le site dans une démarche environnementale au travers de plusieurs activités : culture biologique (production de fruits rouges, légumes et plantes aromatiques), démarche « permaculturelle » (culture permanente, sur butte notamment) en investissant des déchets organiques. A cela s’ajoutent la plantation de haies ainsi que la construction de murets en pierre sèche, tout cela étant réalisé par une petite vingtaine d’ouvriers qui par ailleurs s’investissent dans l’entretien d’espaces verts auprès d’organismes ou de sociétés (S.T. Micro à Rousset, le CNRS, L’Institut Paoli Calmette, l’Institut Henri Gasteau à Marseille, ainsi qu’auprès d’une quinzaine de particuliers.

Vue aérienne du jardin après une année (source © Google Maps)

Un projet ouvert sur la ville, ses écoles et ses habitants

Comme l’indique M. Drouillard dans le descriptif du projet, « le projet est tout à la fois pédagogique, social, environnemental et économique. Il se veut aussi être un véritable défi, tant sur le plan humain, technique que scientifique. A long terme, ce projet en harmonie totale avec la nature pourrait bénéficier de manière directe ou indirecte aux usagers et salariés de tout le pôle Arc En Ciel (AEC), aux élèves et parents des écoles, dont le groupe scolaire voisin, à la Mairie de Carnoux et à ses habitants. »

Constitution des buttes de permaculture : étape 2 (source © ESAT)

Le projet envisage aussi des actions d’éducation à l’environnement pour les classes et les particuliers.

« La situation géographique d’AEC, initialement peu favorable au développement local et économique, devient une situation à valoriser L’emplacement du jardin en bord de route constitue un atout pour une vente en circuit court. Comme l’ESAT de la Bessonnière, le meilleur client pourrait être aussi la cuisine d’AEC et/ou celle de l’école ; la loi depuis Janvier 2016 obligeant les écoles à proposer un « repas bio » par semaine va dans ce sens.

A travers cette production, les travailleurs vieillissants pourraient se voir proposer une activité passionnante et adaptée à tous les niveaux ».

Pourquoi choisir la culture sur butte ?

« La culture sur butte se veut plus efficace, moins coûteuse, plus productive et adaptée aux travailleurs handicapés. La réalisation et la mise en culture des buttes nécessitent beaucoup de connaissances, de travail, de main d’œuvre, sur des temps forts notamment, idéal pour une dynamique de groupe ». Cela constitue pour ceux qui y œuvrent, un lieu de développement de compétences professionnelles ».

Constitution des buttes de permaculture : étape 3 (source © ESAT)

Quels autres avantages procure ce type de culture ?

« Les buttes permettent de s’affranchir des problématiques du sol, de celles du recyclage des déchets végétaux coûteux et de diminuer celles de l’eau grâce à un épais paillage organique alimenté par les déchets verts eux-mêmes.

De plus, en augmentant la hauteur du support de production avec de la matière organique (de 50 à 90 cm), les contraintes des gestes et postures inhérentes aux postes de travail se voient diminuées. Les tomates et les fraises pourront être cultivées sans avoir à trop se pencher pour la cueillette et l’entretien. Les plants pourront aussi être suspendus facilitant la cueillette debout ». A l’instar de la création du jardin partagé fondé par l’association Un jardin se crée à Carnoux sur le site de l’ancien arboretum, cette pratique constitue un exemple susceptible d’être transféré dans les jardins des Carnussiens, pour le plaisir des parents comme des enfants.

« Tout comme la recherche du recyclage d’énergie et des matériaux du milieu, la recherche de l’augmentation de la biodiversité est nécessaire pour parvenir à un écosystème fonctionnel » Notons que la pièce d’eau contribue à la biodiversité, tant pour les oiseaux que pour les insectes (libellules) et accueille des poissons qui se nourrissent des moustiques. Les pierres sur sites sont aussi utilisées pour délimiter certaines buttes et en augmenter la hauteur. ».

Constitution des buttes de permaculture : étape 4 (source © ESAT)

« Les déchets verts, augmentés des restes de cuisine, de cartons … sont recyclés sous forme de compost et de paillage nécessaires à la confection des buttes. De nombreux essais avec des types de buttes différents sont à l’œuvre (compost mature, frais, avec ou sans bois, etc.). Le BRF (Bois Raméal Fractionné) peut être utilisé en paillage sur les buttes, ou encore pour essayer de créer un sol vivant et productif. »

Quel bilan et quelles perspectives après deux années ?

Le chantier s’inscrit dans un temps long compte tenu du caractère expérimental de la démarche ainsi que du choix du type de culture, mais aussi compte tenu de la nécessaire montée en compétences des équipes.

La phase d’installation des différents espaces de culture et des équipements connexes (serre, bac de « lombricompostage », bacs de repiquage et de bouturage, aire de compostage) est quasi achevée. La création d’un environnement propice est en bonne voie avec la croissance de haies coupe-vent, la plantation d’arbres fruitiers (amandiers, pêchers, prunus…) et la pièce d’eau.

La terre après 2 ans de mise en culture (photo © M. Motré)

Au plan de la maîtrise d’œuvre, pour la première année, le jardin a bénéficié de l’expérience d’une maraîchère – la production étant destinée au public interne (ESAT et ateliers de Provence) et à quelques habitants du quartier ; la deuxième année a enregistré le recrutement sur contrat aidé d’une personne en formation « emploi de maraîcher ». Les productions ont été essentiellement à visée locale.

Les perspectives sont plurielles :

  • Achever l’aménagement paysager du site.
  • Renforcer le partage de connaissances et de compétences avec les associations locales, la coopération avec le quartier pour l’arrosage régulier et la cueillette, mais aussi le partage de plants et d’outils, et les partenariats avec l’ESAT et les écoles.
  • Accroître l’ouverture sur le quartier et la ville.
  • Bénéficier de l’aide du CETA d’Aubagne pour réaliser les objectifs de production.

Un ambitieux projet, propice à l’insertion professionnelle et à l’intégration de personnes en difficulté et handicapées, qui mérite d’être soutenu.

Il est enfin possible de suivre les activités des Ateliers de Provence en se connectant sur la page Facebook ARI les Ateliers de Provence

MM

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