Donald Trump de nouveau à la Maison Blanche ?

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Aux États-Unis, les prochaines élections présidentielles, les soixantièmes depuis que le pays existe, ne sont prévues que dans près de 9 mois, le 5 novembre 2024 et d’ici-là tout peut arriver. Pourtant, on croit déjà savoir, avec un degré élevé de certitude, qui seront les deux prétendants à cette fonction qui n’a rien d’anodin, les USA restant à ce jour la première puissance militaire et économique mondiale, même si la Chine commence à la talonner mais avec un PIB par habitant qui reste trois à quatre fois plus faible que celui des Américains.

Côté Républicains, la qualification de Donald Trump, qui a annoncé sa candidature pour un second mandat dès novembre 2022, ne fait plus guère de doute même si les primaires sont loin d’être terminées. Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, qui semblait avoir le plus de chance de le contrer, a jeté l’éponge dès le 21 janvier et les candidats encore en lice face à Donald Trump ne font manifestement plus le poids. Seule une décision de la Justice pourrait encore l’arrêter sachant que les condamnations successives qui l’ont frappé récemment ne font s’accroître encore sa popularité auprès d’un électorat populaire et antisystème qui le plébiscite.

2024 : un duel au sommet entre un Trump imprévisible et un Biden incohérent ? Un dessin signé Oli

Le 19 décembre 2023, la Cour Suprême du Colorado, suivi depuis par celle du Maine, avait décidé qu’il ne pouvait concourir à la primaire dans cet État, une inéligibilité qui découle de son rôle actif de soutien aux milliers de sympathisants qui avaient pris d’assaut le Capitole, le 6 janvier 2021, deux mois après les élections présidentielles qui avaient mis fin à son mandat en consacrant la victoire de son adversaire Démocrate, Joe Biden.

Une victoire que Donald Trump avait eu bien du mal à reconnaître, faisant même vaciller la démocratie américaine lors de cette folle journée qui avait vu ses partisans se déchaîner contre les symboles du pouvoir fédéral. C’est la Cour Suprême des États-Unis qui devra trancher ce sujet sensible mais on voit mal comment elle pourrait empêcher le très populaire Donald Trump de concourir pour un nouveau mandat alors que tous les sondages le donnent actuellement en tête face à un président sortant vieillissant et affaibli.

Kamala Harris et Joe Biden à la Maison Blanche (source © Monmouth University)

Lors des précédentes élections, en 2020, le Démocrate Joe Biden s’était beaucoup appuyé sur sa colistière, Kamala Harris, devenue Vice-Présidente des États-Unis et on aurait pu penser que cette dernière reprenne le flambeau à l’occasion de l’échéance de 2024 pour laquelle Joe Biden aura atteint l’âge plus que respectable de 82 ans. Mais Kamala Harris n’a manifestement pas réussi à s’imposer et soutient donc de nouveau la candidature de Joe Biden qui n’a pas de vrai adversaire dans le camp démocrate, même si Robert Kennedy Junior s’est lancé dans la course, sans grandes chances de succès.

Pour autant, beaucoup s’interrogent sur les réelles capacités du président sortant à assumer pleinement la fonction pendant encore quatre longues années, lui dont les bourdes et les absences défrayent la chronique. Déjà lors de la campagne de 2020, son air souvent éteint et ses multiples incohérences avaient fait l’objet de nombreuses spéculations sur son état de santé, alors qu’il avait déjà subi deux attaques cérébrales, une embolie pulmonaire et une thrombose veineuse profonde. Donald Trump, pourtant aujourd’hui âgé de 77 ans, s’était moqué à moult reprises du manque de dynamisme de son adversaire qu’il surnomme cruellement « Sleepy Joe ».

Joe Biden, ici en juillet 2022, prononçant un discours sur le droit à l’avortement (photo © SIPA / Shutterstock / Est Républicain)

Le fait est que la situation ne s’est pas arrangée depuis, Joe Biden multipliant les faux pas et les pertes de mémoire en public. On l’a vu trébucher à de nombreuses reprises, s’étalant lamentablement en montant la passerelle de l’avion présidentiel Air Force One et racontant des inepties, évoquant par exemple ses entretiens, au début de son mandat, avec le président de l’Allemagne, un certain Mitterrand… De quoi laisser ses interlocuteurs abasourdis, comme lors de cette conférence de presse en septembre 2023, à l’occasion d’un voyage officiel au Vietnam, au cours de laquelle il a tenu des propos totalement décousus, évoquant un film de John Wayne et des histoires d’indiens Apache alors qu’on le questionnait sur le réchauffement climatique, avant d’annoncer qu’il allait se coucher, obligeant son attaché de presse à interrompre la séance en catastrophe…

Blanchi dans l’affaire de la mauvaise gestion de documents classifiés par un rapport plutôt bienveillant du procureur spécial qui évoque comme excuses sa « mauvaise mémoire », Joe Biden a réagi vertement en convoquant illico une conférence de presse en pleine nuit, ce jeudi 8 février 2024, mais sans se montrer très convaincant avec sa démarché hésitante, son air éteint et accumulant encore les gaffes en évoquant le nom du maréchal al-Sissi pour parler du Président mexicain !

Un dessin signé Patrick Chappatte, publié le 10 février 2024 dans Le Temps de Genève

Du pain béni pour son futur adversaire Donald Trump dont on connait certes les multiples incohérences et approximations, mais dont personne ne semble s’offusquer. Le bilan économique de Joe Biden est pourtant plutôt favorable et le plan de relance qu’il a impulsé après la pandémie de Covid a permis à l’économie américaine de repartir avec un taux de croissance de 2 % dès 2022 et un taux de chômage très faible à 4 %, mais au mépris d’un retour de l’inflation et d’une augmentation des inégalités sociales. De fait, les sondages montrent qu’une large majorité des Américains font davantage confiance à Donald Trump pour redresser l’économie du pays. Sur le plan international, le retrait piteux par Joe Biden des troupes américaines d’Afghanistan a marqué défavorablement les esprits même si l’isolationnisme semble faire un large consensus chez les Américains. De fait, le soutien apporté par les USA aux alliés ukrainiens suite à l’invasion russe s’essouffle et Joe Biden a désormais bien du mal à masquer que ce n’est plus une priorité américaine.

Donald Trump en campagne pour les Primaires dans l’Iowa (source © AFP / Ouest-France)

Si Donald Trump devait remporter les prochaines présidentielles américaines, cet isolationnisme américain risque de se renforcer encore davantage. Lors de son premier mandat, il avait été fortement freiné dans ses élans par les scrupules et l’inertie de la haute administration et du commandement militaire américain. Mais il a retenu la leçon et saura en cas de réélection faire rapidement le ménage.

C’est d’ailleurs sans doute ainsi qu’il faut comprendre sa récente répartie à un journaliste lui demandant : « Promettez-vous à l’Amérique ce soir, que vous n’abuserez jamais de votre pouvoir pour vous venger de qui que ce soit ? », ce à quoi Donald Trump a répondu tout à trac : « Sauf le premier jour… Je veux fermer la frontière et je veux forer, forer, forer ». On ne serait être plus clair et au moins les Américains savent à quoi s’attendre, et les Européens aussi car ce sont manifestement ce que veulent entendre la majorité de nos alliés outre Atlantique…

L. V.

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2 Réponses to “Donald Trump de nouveau à la Maison Blanche ?”

  1. Changement climatique : la plongée dans l’inconnu… | Cercle Progressiste Carnussien Says:

    […] du Washington Post qui indiquait, le 11 mai 2024, que l’équipe de campagne de Donald Trump, possible nouveau Président des États-Unis à l’issue des prochaines élections de novembre 2024, aurait promis, à une […]

  2. Une écologiste à la tête du Mexique ? | Cercle Progressiste Carnussien Says:

    […] se déclarant opposé à l’accord de libre-échange avec les États-Unis (ALENA) et en traitant Donald Trump de « brute […]

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