KATULU n° 36

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Voici le résumé des derniers ouvrages abordés par les lecteurs de Katulu dans le numéro 36 de novembre 2013 Katulu36 

Je vais mieux

David Foenkinos

David Foenkinos a étudié les lettres à la Sorbonne, tout en se formant au jazz, ce qui l’amène au métier de professeur de guitare. Son premier roman est publié en 2002 chez Gallimard. Il a publié notamment « Le potentiel érotique de ma femme » en 2004, « La Délicatesse » en 2009 (adapté au cinéma en 2012) et « Les Souvenirs » en 2011.

PhFoenkinos

Ce roman est l’histoire d’un homme : la quarantaine, bien dans sa vie, un boulot dans un cabinet d’architecte, une femme avec qui il est marié depuis longtemps, leurs relations sont bonnes, de grands enfants partis du foyer ! Tout a l’air de rouler ! Un soir, au cours d’un repas chez eux avec des amis, voilà qu’une douleur foudroyante le parcourt « j’ai immédiatement compris que quelque chose se passait ! » A partir de là, ce « mal au dos » ou « mal du siècle » devient le thème essentiel du roman et tout se trame autour de çà  !

Le roman est limpide, on se reconnaît dans ces descriptifs. On pourrait penser qu’en fait le héros est un homme heureux malgré sa douleur mais en fait l’histoire est de plus en plus « dramatique » pour lui ! Il fait le tour des hôpitaux, médecins, psychiatre, prostituées : rien ne l’apaise ; son angoisse grandit au fur et à mesure ; il s’imagine atteint d’un mal incurable. Peu à peu, tout se décompose : la vie dans l’entreprise, puis c’est la dispute avec les parents qu’il n’a jamais osé affronter mais le père, loin de se remettre en question lui dit « ton mal au dos, ça ne m’étonne pas (.) tu voudrais qu’on t’admire…». Ensuite, c’est l’annonce brutale d’Élise, sa femme « je voudrais qu’on divorce ! »

Bref ce roman évoque tous les malheurs qui s’abattent sur l’homme moderne dans cette société stressante : les couples qui se défont, le travail harassant qui réduit l’individu à être un pion « on marche toujours au bord du précipice ; il suffit d’un rien pour tomber : la chute fait partie de nous ». Les choses finissent quand même par s’améliorer quand il comprend « que le mal au dos devait être la somme de tous les nœuds jamais dénoués »…

Josette Jegouzo

 

 

La comtesse de Ségur

Quelques éléments de biographie : Sophie Rostoptchine naît près de Moscou en 1799. Elle reçoit une excellente éducation, parle 5 langues, mais sa mère est très sévère et Sophie, turbulente, sera bien souvent punie. Son père, Fédor, est gouverneur de Moscou et donnera l’ordre d’incendier la ville pour contrer les troupes napoléoniennes. Disgracié par le tsar, il s’exile en Pologne en 1814 et arrive en France en 1817. Sophie a 18 ans quand elle le rejoint. Elle rencontre Eugène de Ségur (1798-1869), fils d’un maréchal d’Empire et en tombe amoureuse. Le mariage, célébré deux ans plus tard, n’est pas heureux : Eugène est un paresseux qui dilapide la fortune de sa femme et la trompe sans vergogne, en particulier avec les bonnes de la famille !

PhComtesseSegurC’est en 1822 que Fédor donne à sa fille le château des Nouettes sur la commune d’Aube, dans le département de l’Orne en Normandie. Sophie y passera 50 années, consacrées à ses 8 enfants et plus tard à ses petits enfants, les vrais amours de sa vie. Son mari la délaisse de plus en plus. Sophie tombe malade : crises de nerf, périodes de mutisme total. Elle prend l’habitude, le soir au coucher, de raconter des histoires à ses enfants et petits enfants. C’est en 1855, à 56 ans, qu’elle publie un livre pour enfants : les « Nouveaux contes de fées ». 19 autres volumes suivront. En 1866 elle devient sœur franciscaine sous le nom de sœur Marie Françoise. Des difficultés d’argent la contraignent à vendre les Nouettes en 1872. Elle s’installe à Paris où elle meurt en 1874. Elle est inhumée dans le Morbihan auprès de l’une de ses petites filles. Sur sa tombe une croix avec la mention : « Dieu et mes enfants ».

Quelques-uns de ses romans : « Les malheurs de Sophie », « Les petites filles modèles », « Les Vacances », « Les mémoires d’un âne », « Pauvre Blaise », « Les bons enfants », « Les deux nigauds », « Un bon petit diable », « Jean qui grogne et Jean qui rit », « Après la pluie le beau temps ». Elle a aussi publié des livres didactiques portant sur la santé ou la religion, ainsi que plusieurs volumes de Correspondances. A ce jour on estime à 29 000 000, le nombre d’ouvrages de la Comtesse qui ont été vendus.

PhLivresComtesseSegur

Ses romans sont faits pour éduquer l’enfant, lui montrer le chemin à suivre. Pour la Comtesse, l’éducation est primordiale : trop de violence, des mauvais traitements gâtent l’enfant, peut être à jamais. Au contraire, une douce fermeté en fera « un bon sujet » pour parler comme Sophie ! Et pourtant on ne peut s’empêcher de voir avec quelle délectation (le mot n’est pas trop fort) elle décrit les séances de fouet ou de knout (général Dourakine), les journées passées enfermée dans une chambre (Sophie) ou les carcans pour redresser le dos (Comédies et Proverbes). Le catholicisme est omniprésent, la messe, les prières du soir, occupent une partie de la journée. Le curé est un conseiller auquel on a souvent recours. La vie se passe dans le calme de la campagne. La ville est source de problèmes, de vices (voir les deux nigauds). On se reçoit de château à château, on est « entre soi ». Les serviteurs, bien traités, sont aux ordres, ils sont obéissants, bons catholiques…..

La comtesse de Ségur appartient à un monde déjà dépassé. Elle a vécu plusieurs révolutions (1830, 1848) sans que ses opinions se modifient. Pour elle, les nobles ont un devoir d’aide aux plus pauvres mais les pauvres se doivent de rester à leur place. Chacun dans son monde, on ne déroge pas. La vie de ses deux petites filles les plus célèbres, Camille et Madeleine de Malaret, les petites filles modèles, nous montre que ses leçons n’étaient peut être pas tout à fait les bonnes… Camille aura une vie misérable, maltraitée et ruinée par un époux volage (encore un !). Quant à Madeleine, devant de tels exemples, elle entre en religion et n’aura pas de descendance.

Annie Monville 

 

Chilpéric 1er, Le roi assassiné deux fois

Frédéric Armand 

PhLivreArmandCet ouvrage est, une fois de plus, l’occasion de vérifier à quel point les réputations sont trompeuses. La seule source concernant Chilpéric 1er (527-584) a longtemps été L’histoire des Francs écrite par Grégoire de Tours (539-594), évêque contemporain issu d’une famille de sénateurs Romains qui du fait de ses origines nobles méprisait les Francs en général et Chilpéric en particulier. C’est d’ailleurs Grégoire de Tours qui a inspiré le sous-titre de ce livre, roi assassiné deux fois, physiquement en 584, sa mémoire assassinée ensuite.

En fait la haine féroce que Grégoire voue à Chilpéric est surtout la conséquence du meurtre de Galswinthe, première épouse de Chilpéric par la seconde, la redoutable Frédégonde. Or cette Galswinthe était sœur de Brunehaut, épouse de Sigebert roi d’Austrasie et frère de Chilpéric roi de Neustrie, toutes deux filles d’Athanagild roi des Wisigoths et toutes deux ayant abjuré l’arianisme pour la foi nicéenne afin de se marier avec les fils de Clothaire. C’est ainsi que chaque décision ou action de Chilpéric est critiquée et que rien ne lui est épargné. Il est vrai que Chilpéric collectionnait les échecs. Toutefois il n’avait pas que de mauvaises idées : en témoigne cette réforme de l’alphabet qu’il avait initiée afin de rendre les sonorités gothiques plus faciles à transcrire, réforme abandonnée par ses successeurs.

Il faut dire qu’en ces temps particulièrement troublés la vie d’un roiPhChiperic Franc n’avait rien de tranquille, principalement à cause de cette coutume divisant le royaume entre tous les héritiers mâles du roi défunt. Il est toutefois remarquable de constater que ces héritiers savaient interrompre leurs luttes intestines dès que l’intégrité du royaume des Francs se voyait menacée de l’extérieur (Saxons, Wisigoths ou Burgondes) et unir leurs forces, repousser d’éventuels agresseurs pour ensuite continuer leurs guerres fratricides comme si de rien n’était, chacun voulant reconstituer à son profit l’intégralité du royaume paternel.

L’anecdote du mausolée de Clothaire est révélatrice des mœurs plus que bizarres de cette époque. À la mort de Clothaire, le mausolée destiné à lui servir de tombe n’était pas achevé ; bon fils, ses quatre héritiers, Chilpéric, Caribert, Gontran et Sigebert en continuèrent la construction, tout en se faisant la guerre, la dépouille du roi attendant dans un temple en bois. Lorsque le mausolée en pierre fut achevé (aujourd’hui basilique Saint-Médard de Soissons), les cendres de Clothaire y furent transférées et la construction provisoire fut débitée en cure-dents soit-disant miraculeux qui, vendus à prix d’or, rapportèrent une véritable fortune.

Yves Le Merre

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Une Réponse to “KATULU n° 36”

  1. uwgaqss@gmail.com Says:

    J’espere que vous avez d autre article de cette trempe en stock !

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