Vendredi 6 janvier a donc eu lieu la traditionnelle cérémonie des vœux du Maire de Carnoux, célébrée en grandes pompes à l’ARTEA devant une salle presque comble, comme à l’accoutumée. Et cette année, les Carnussiens n’ont pas été déçus du déplacement avec en introduction un film autopromotionnel de près de 20 mn mettant en valeur les atouts de la commune grâce à notre maire exceptionnel qui en tient fermement les rênes depuis des dizaines d’années.
Réalisé par la société des Films du Grand Large, basée à Carnoux et justement spécialisée dans la captation audiovisuelle d’événements promotionnels et dans le tournage de films publicitaires, cette vidéo qui donne à voir toutes les facettes de la commune au travers du regard faussement naïf de deux fillettes, est un bel exemple de vidéo d’autocélébration. Elle donne de notre commune une image idyllique avec son cadre naturel boisé, son ambiance festive endiablée, ses commémorations militaires et religieuses inoubliables, et bien sûr son hôtel de ville flambant neuf pour lequel la vidéo s’attarde longuement sur les discours officiels de l’inauguration récente. Un film qui aurait toute sa place dans une campagne électorale à la gloire de notre « maire très bâtisseur » comme Martine Vassal en personne le qualifie dans ce bel exercice d’autopromotion.

Curieusement, celle qui préside le Département et la Métropole, pourtant principaux bailleurs de fonds de la commune de Carnoux où ces deux institutions financent sans sourciller le moindre investissement public, n’avait pas jugé utile de se déplacer pour applaudir le Maire, sans doute occupée à réformer en profondeur le fonctionnement métropolitain encore un peu bancal comme n’a pas manqué de le souligner Jean-Pierre Giorgi. Ce dernier n’a donc eu d’autre choix que de remercier, dans son discours, les seules personnalités d’envergure nationale présentes dans la salle, à savoir Joëlle Melin, députée de notre circonscription et Stéphane Ravier, sénateur des Bouches-du-Rhône, des élus d’extrême droite qui naturellement se sentent chez eux à Carnoux…
Le discours du maire est revenu, comme la tradition l’exige en ce début d’année, sur les grands événements de l’année écoulée, la guerre en Ukraine bien sûr, les prolongements de la crise du Covid, l’inflation des prix de l’énergie et, forcément, l’événement majeur de l’année, à savoir l’invasion par quelques familles en caravanes, du stade Marcel Cerdan, pendant près de 2 semaines au cœur de l’été.

Une invasion contre lequel notre maire s’indigne longuement, omettant d’indiquer que si les gens du voyage n’ont d’autre choix que d’occuper ainsi illégalement des infrastructures publiques c’est aussi parce que les collectivités territoriales se mettent elles-mêmes dans l’illégalité en ne respectant pas les obligations qui leur incombent réglementairement depuis la loi Besson qui date pourtant de juillet 2000, il y a maintenant 22 ans ! En l’occurrence, l’obligation repose désormais sur la Métropole mais il n’en demeure pas moins que rien n’a été fait depuis pour créer enfin une aire d’accueil pour les grands passages dans un département pourtant traditionnellement très concerné, et que même l’aire d’accueil que Carnoux doit mettre en place depuis des années avec les communes voisines est toujours dans les cartons…
Mais l’important est de regarder vers l’avenir et notre maire bâtisseur a déjà la tête tournée vers les grands projets de l’année 2023. Il se fait longuement applaudir en rappelant que notre commune n’a pas de dette et qu’il s’engage en 2023 à ne pas augmenter le taux (sinon le montant) de la taxe foncière. L’état des finances de la commune, très largement excédentaire et ceci de manière récurrente depuis des années, pourrait largement autoriser une baisse de ces prélèvements fiscaux au profit du pouvoir d’achat des Carnussiens, mais le maire se garde bien de l’évoquer, préférant garder un matelas financier important et ne voulant surtout pas reconnaître ces excédents financiers afin de continuer à quémander les subventions du Département.

Car la commune entend bien poursuivre en 2023 l’investissement sur son réseau d’éclairage public, pourtant normalement de compétence métropolitaine, mais que notre maire refuse obstinément de lâcher. En 2023 devrait ainsi non seulement se poursuivre l’enfouissement des lignes électriques, mais aussi s’engager le remplacement de la totalité des éclairages publics par des LED et l’installation d’un dispositif pour moduler l’éclairage selon les besoins. On pourrait penser, au vu des millions d’euros qui ont été investi depuis des années sur notre réseau communal que nos luminaires sont à la pointe du progrès mais on apprend ainsi qu’il n’en est rien et que la moitié des ampoules de la commune vont devoir être remplacées, pour la somme modique de 800.000 €.
Une bagatelle comparée aux 4,5 millions d’euros que va coûter à la commune la démolition puis la reconstruction de l’école maternelle de Carnoux, pourtant assez récente par rapport à la plupart des écoles du département. Mais cela n’empêchera pas le Conseil départemental de financer à hauteur de 60 % cet investissement conséquent, ni peut-être même d’obtenir une subvention supplémentaire de la part de l’État. Ces deux institutions, bien que lourdement endettées et financées par le contribuable, vont ainsi venir au secours de la commune de Carnoux qui croule sous les excédents budgétaires !

Et il en sera de même probablement pour les autres projets phares de Carnoux en 2023, à savoir la rénovation des salles municipales situées derrière la Crémaillère et dont le Maire ne sait trop que faire. La logique aurait voulu que l’on profite de la reconstruction de l’hôtel de ville, monumental et à moitié vide, qui a coûté plus de 10 million d’euros au contribuable, pour y prévoir des salles de réunion nécessaires à l’animation de la vie locale et au bon fonctionnement des multiples associations très actives sur la commune. Mais il n’en a rien été et il faudra donc nécessairement prévoir de telles infrastructures en lieu et place des salles Tony Garnier ou du Clos Blancheton, désormais vétustes, alors que l’on aurait pu prévoir à leur emplacement ces logements dont les Carnussiens ont désespérément besoin…
Mais l’important en 2023 sera surtout la n-ième rénovation du stade Marcel Cerdan pour lequel la collectivité engloutit des millions depuis des années pour répondre aux exigences délirantes de la Fédération française de football. On se souvient qu’en 2009 déjà, l’ancien SOCC avait été relégué avant de disparaître en 2010, suite à des problèmes de gestion du club, alors que la Ville avait énormément investi pour mettre aux normes nationales les installations sportives dédiées. Désormais, l’équipe 1 du Carnoux Football Club joue de nouveau en Nationale 3 et voilà donc que la commune se sent obligé de fêter l’évènement en prévoyant derechef 1 millions d’euros d’investissement supplémentaire, au-delà des 70.000 € de subvention annuelle que la commune verse déjà à l’association et ses 380 adhérents.

Sur le stade Marcel Cerdan, qui comporte désormais des tribunes et deux terrains de jeu exclusivement réservés au club de foot, il est en effet question de remplacer le terrain encore en pelouse naturelle par un revêtement synthétique. Pendant longtemps, ce type de gazon synthétique était justement interdit pour les matchs de haut niveau mais la Fédération a désormais changé d’avis, sous la pression amicale des lobbyistes, et la ville de Carnoux va donc arracher la pelouse pour la remplacer par un produit polymère synthétique.
Une opération qui, outre son coût assez indécent, ne s’inscrit pas vraiment dans la transition écologique que certains appellent de leurs vœux. Les industriels ont beau essayer d’argumenter qu’une pelouse synthétique exige moins d’eau pour l’arrosage et moins d’énergie pour la tonte, le bilan carbone d’une telle option n’en est pas moins catastrophique, surtout si l’on raisonne en coût global, sachant que la durée de vie d’un gazon synthétique est en moyenne de 10 ans et que personne ne sait très bien comment recycler ce type de déchets carbonés. Mais peu importe pour la fédération et le club qui ne sont pas les payeurs et qui se moquent bien de l’impact environnemental de leur sport, l’important étant qu’une pelouse synthétique peut permettre un usage quotidien plus intensif : quand on aime, on ne compte pas !
L. V.
Étiquettes : Actualités, Aire métropolitaine, Carnoux, Ecole, Politique, Projet, Sport
8 mai 2023 à 5:51
[…] d’énergie en citant notamment les efforts concernant l’éclairage public dont celui du stade Marcel Cerdan. Il souligne ainsi le recours à des LED plus efficaces qui offrent une meilleure qualité de […]